A quelques jours de son 30ème anniversaire, l’autrice-compositrice-interprète américaine Alexandra Savior, originaire de Portland, fait son retour avec le magnifique Beneath The Lilypad, après une longue attente depuis plus de 5 ans.
En effet, si elle s’est très vite lancée dans la musique, inspirée par la belle discothèque de son père, combinant du Otis Redding à du Pearl Jam, et très vite repérée, par Courtney Love en particulier, la chanteuse et guitariste a toujours pris son temps. Son premier disque, Belladonna of Sadness, sort en 2017 mais c’est avec le suivant qu’elle éclate au grand jour avec le très réussi The Archer, superbe album indie pop, avec quelques détours plus rock qui l’imposa comme une artiste à suivre de très près.
Ayant auparavant travaillé avec des artistes comme The Last Shadow Puppets, Sam Cohen ou Broken Bells le projet de Danger Mouse et James Mercer de The Shins, elle fait cette-fois ci appel au producteur et compositeur Drew Erickson, collaborateur régulier de Father John Misty et Lana Del Rey, ce qui forcément entraine quelques comparaisons un peu faciles mais parfois évidentes.
Beneath The Lilypad marque en effet une nouvelle évolution dans le style d’Alexandra Savior, comme un premier bilan d’une vie qui passe à l’âge adulte avec ses hauts et ses bas, entre espoirs et peurs, ce qui se traduit par 11 chansons, toutes magnifiquement orchestrées, mélancoliques et introspectives.
Ici, plus aucune trace de rock, mais une belle envolée de pop psychédélique et baroque, dont on découvre la luxuriance et la finesse au fil des écoutes, de plus en plus savoureuses, alors qu’il ne fallut que quelques secondes pour tomber sous le charme incroyable de sa voix, toujours juste et légère. Avec ses cuivres luxuriants, Unforgivable démarre l’album sous le soleil, comme une ballade du côté de Broadway, avant que The Mothership apporte les premiers nuages même si la mélodie est toujours accrocheuse voire ensorcelante.
Goodbye, Old Friend est une splendide ballade, qui en effet est la plus Lana del Rey(sque) de l’album avec cette lente et montée en puissance, ses guitares discrètes jusqu’à l’envolée de corde en conclusion, All of The Girls continue dans la même veine, toute aussi belle et émouvante. Beneath The Lilypad semble devenir de plus en plus évanescent et léger comme une bulle, alors qu’on aborde des sublimes moments de douceur comme Hark! ou le jazzy Venus.
La voix d’Alexandra joue avec les étoiles sur l’extraordinaire Let Me Out qui démontre également le talent des musiciens qui l’entourent comme le guitariste Benjy Lysaght d’Ambulance Ltd. ou le bassiste Zachary Dawes (Last Shadow Puppets, Mini Mansions). L’album retrouve des couleurs alors que Savior se rappelle de son enfance, comme sur Old Oregon ou The Harvest Is Thoughtless, avant de finir en beauté sur You Make It Easier, aussi simple que complexe, modeste que luxuriant.
Mélangeant styles et ambiances, avec une classe assez rare, Alexandra Savior touche ici au sublime, retrouvant la grâce de The Archer tout en prenant de nouvelles directions tout aussi passionnantes.

Alexandra Savior · Beneath The Lilypad
RCA Records – 16 mai 2025