[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]U[/mks_dropcap]ne clé sur fond rouge mais une très belle clé, travaillée, ciselée. Les éditions Agullo nous disent-elles que le nouveau roman de Maria Galina, Autochtones, est un récit à tiroirs ?
Avant d’insérer la clé, il faudra déjà trouver la serrure ou les serrures car cette œuvre ne se donne pas facilement.
Ceux qui oseront avancer loin, audacieux et aventureux, ne pourront plus lire autre chose tant Autochtones est singulier.
Quasiment quatre cents pages de questionnements, d’errances à travers un texte touffu et volontairement dense, perdant le lecteur à coups de longs chapitres, de flashbacks et de phénomènes paranormaux. Certains adoreront se laisser prendre, d’autres détesteront et lâcheront le livre très vite. Ceux qui oseront avancer loin, audacieux et aventureux, ne pourront plus lire autre chose tant Autochtones est singulier.
Est-ce le côté pays de l’Est qui parle ? L’auteure est russe et situe son intrigue à la frontière de l’Est et l’Ouest de l’Europe. Maria Galina convoque les fantômes de Boulgakov et de Kafka pour en faire un roman à sa propre sauce. Entre Le Maître et Marguerite pour le fantastique et Le Château pour l’enquête, elle surprend complètement son lecteur. Elle s’amuse à parsemer son texte d’indices, parfois directs, parfois plus subtils et bien cachés. Difficile de tous les trouver ! Elle alterne entre le présent et le passé et un certain opéra, joué une seule fois dans les années 1920, donnant lieu à une légende : lors de cette représentation un aphrodisiaque emmène le public dans une orgie générale.
Le héros, l’étranger, arrive en ville pour enquêter sur cette légende.
Les habitants l’accueillent, mi méfiants mi fiers mi menteurs, nous ne savons jamais vraiment. Et nous enquêtons avec lui, des années 20 aux nazis, des pogroms aux atrocités communistes, des créatures fantastiques aux extraterrestres.
Enquête difficile car il n’obtient jamais de vraies réponses (et nous non plus pour le coup !) :
Elle s’exprimait sans émotion, comme pour souligner : « Tu n’es rien d’autre qu’un étranger qui pose des questions, or nous n’aimons pas les étrangers. Ce sont eux qui apportent la mort. »
C’est un mélange détonant et complètement étonnant que nous donne à lire Maria Galina. On adhère ou pas. On aime se laisser emporter ou on préfère rester rationnel.
« Vous n’avez pas pu assister à ça, répliqua-t-il. Ceux qui l’ont vu ne sont plus de ce monde. Depuis longtemps. – Qui vous a dit que j’étais vivant ? Je suis une voix. Un tube creux. Je suis un schofar. Je suis le messager du Jugement dernier. Je parlerai tant qu’il se trouvera quelqu’un pour m’écouter. On ne peut pas tuer la voix. »
À travers un côté loufoque assumé et accentué parfois de manière très intense, Maria Galina se livre aussi à un tour de force : parler de la littérature, des écrivains et du style mais indirectement, tout en faisant converser ses personnages sur l’âme russe ou encore internet et les téléphones portables.
Autochtones, une expérience de lecture intense et déboussolante, à tenter de toute urgence pour éventuellement sortir de notre confort. Ce livre donne en tout cas envie de nous pencher sur son auteure et de découvrir L’Organisation, déjà paru chez Agullo.
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Autochtones de Maria Galina, traduit du russe par Raphaëlle Pache
Paru aux éditions Agullo, janvier 2020
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Image bandeau : Photo by Emily Morter on Unsplash
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