[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]ffreux, sales et méchants, version squat londonien rempli de bières rances et de drogues pourries, ça vous dit ?
Je vous présente donc The Fat White Family, combo londonien bâti autour de ses 2 leaders Lias Saudi et Saul Adamcsewski. Le groupe en quelques années s’est vu affublés de divers qualificatifs sympathiques : staliniens, nihilistes, fascistes, j’en passe et des meilleurs. il est vrai qu’ils le cherchent un peu, entre concerts apocalyptiques, bagarres diverses au sein du groupe et avec la terre entière, déclarations choc, carcasses d’animal et clips déjantés, ils feraient passer Pete Doherty qu’ils détestent cordialement bien sûr, pour un enfant de chœur.
Rien que leurs disques peuvent nous mettre sur la piste du bordel ambiant que ces joyeux lurons aiment créer, leur premier album sorti en 2013 s’appelait Champagne Holocaust et s’accompagnait d’une magnifique pochette sur laquelle une espèce de cochon malingre, le sexe pendouillant, brandissait faucille et marteau ensanglantéS.
On y trouvait quelques chansons aux titres quelque peu provocateurs tels Bomb Disneyland ou Who Shot Lee Oswald, leur nouveau disque ne déroge pas à la règle avec les biens nommés Lebensraum ou Goodbye Goebbels. Bref, amis du bon goût, passez votre chemin.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our ceux qui feront fi de cette réputation et oseront se pencher sur Songs For Our Mothers, ils ne le regretteront pas car c’est un foutu bon album. Certes, The Fat White Family n’invente rien et doit beaucoup à tous les énervés et freaks de l’histoire du rock, les plus malsains et barrés, de Captain Beefheart à Gun Club, de Butthole Surfers à Birthday Party, mais ces influences sont parfaitement digéréEs et recrachées avec une certaine beauté, sombre la beauté, certes, mais beauté quand même.
L’enregistrement de l’album a été pour le moins compliqué, plusieurs essais finirent même à la poubelle, leur passage au studio de Sean Lennon lui donne encore des sueurs froides, mais au final, l’album est là et bien là, très cohérent dans son délire et musicalement très bien troussé. Ce ne sera pas le plus bel album de l’année mais la bande son parfaite pour le monde pourri qui est le notre, sexe, drogues et…tueurs en série, bienvenue en 2016 !
Songs For Our Mothers débute sur leur premier single Whitest Boy On The Beach, tuerie disco post-punk où Donna Summer pourrait donner la réplique à Mark E. Smith dans un abattoir abandonné. Morceau imparable, il devrait cartonner auprès de tous les cachets d’aspirine et amateurs de langues de bœuf.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]O[/mks_dropcap]n monte d’un cran dans le finesse et le bon ton avec Satisfied et ses paroles d’une indéniable légèreté, jugez plutôt : My penis was an oblong pebble my balls two benevolent stones she looked like Primo Levi sucking marrow out of a bone…pas certain de l’entendre sur toutes les ondes celles-là, surtout que musicalement ça balance sévère comme un Suicide à la sauce pub rock.
Love is The Crack se traine malsaine et sombre à la Nick Cave des débuts, on s’enfonce encore plus dans la noirceur avec l’enchaînement Duce (Eat The Pope, ben voyons !) et Lebensraum, messes noires psychédéliques et ballades fauchées, complètement barrées entre Throbbing Gristle, Spacemen 3 et Gun Club.
Hits Hits Hits s’interroge sur les relations violentes entre Ike et Tina Turner, Tinfoil Deathstar évoque un soldat vétéran , mort quasiment de faim après s’être vu couper ses rentes, le tout sur une rythmique presque dansante et sautillante.
Harold Shipman sympathique médecin, tueur en séries à ses heures perdues et Joseph Goebbels ont même droit aux 2 morceaux les plus cools de l’album, ballades tristes pour fin de soirée alcoolisée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]C’est là tout le paradoxe de The Fat White Family, cela a beau être noir, se vautrer dans tout ce qu’il y a de plus laid dans notre société, ils s’en sortent par des pirouettes musicales bien gaulées.
Songs For Our Mothers, on aimera, on détestera, dans tous les cas, les avis seront tranchés, on peut trouver ça too much mais c’est quand même bien bon de retrouver des branleurs très doués comme seule l’Angleterre est capable de nous offrir.
Pour se faire sa propre opinion, c’est chez Without Consent/PIAS Cooperative que ça se passe.