[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]É[/mks_dropcap]couter The Talkies, le second album de Girl Band, c’est comme assister en direct à une opération du cerveau à quelques centimètres du chirurgien et le regarder jouer du scalpel. L’expérience est fascinante mais nécessite d’avoir le cœur bien accroché.
Vous êtes prévenus, The Talkies dérange et secoue violemment, mais quel plaisir de se faire bastonner de la sorte !
L[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e groupe nous vient d’Irlande, de Dublin plus précisément et se compose de Dara Kiely (chant), Alan Duggan (guitare), Daniel Fox (basse) et Adam Faulkner (batterie).
Fondé en 2011, ils sortent un premier single en 2012 mais on les découvre réellement en 2015 avec la sortie du EP, The Early Years et cette incroyable reprise de Why They Hide My Bodies Under My Garage ? morceau techno initialement créé par Blawan et passé ici à la moulinette noise rock.
S’ensuit Holding Hands With Jamie, fantastique premier disque, mélange étonnant et détonnant de post-punk et de noise. Le groupe, qui semble combiner la folie des Liars et la colère de The Fall, fracasse tout sur son passage.
La folie sonore s’étend malheureusement au mental fragile de Dara Kiely et voit le groupe peu à peu annuler toutes ses tournées, jusqu’à nous laisser penser que Girl Band avait vécu. Le retour, 4 ans plus tard, est donc une formidable surprise et la confirmation qu’on tient là un groupe vraiment à part !
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our éviter de trop s’exposer et combattre ses vieux démons, Dara Kiely prend le parti et réussit la gageure de ne jamais utiliser « You » ou « I » dans ses textes toujours aussi abscons.
À la place, nous avons droit à des Acrobats Stab Orcas Do Geese See God? Party Booby Trap Top Spot To Idiot sur Aibohphobia, qui comme tout le monde le sait est la peur des palindromes…quand je vous disais que la musique de Girl Band était extrême, vous allez bien finir par me croire !
Cela se confirme même dès le premier morceau, Prolix, sur lequel Dara souffle et respire de plus en plus fort, en pleine crise de panique,comme s’il traversait un couloir à la Silent Hill.
L’album, produit par le bassiste Daniel Fox, a été enregistré à Ballintubbert House, une grande maison géorgienne à côté de Dublin, sûrement hantée et pièce maîtresse de l’album, tant son architecture complexe a influencé l’atmosphère et la manière de jouer du groupe.
Par la suite, Dara Kiely torture ses cordes vocales, de Going Norway à Caveat en passant par Shoulderblades, les laissant tranquilles sur quelques rares morceaux comme le génial Couch Combover. Si je cite beaucoup le charismatique chanteur, ses 3 compères ne sont pas en reste, comme le prouvent les très inquiétants instrumentaux Akineton et Ereignis ou la très longue introduction de Laggard.
Les rythmiques sont tordues et radicales, la guitare d’Alan Duggan tranche dans le vif et pourtant il se dégage une indicible immédiateté qui rend irrésistibles des morceaux tels que Salmon Of Knowledge pourtant bien hirsute à la première écoute.
The Talkies est une expérience unique et prend place dans ces disques qui font froid dans le dos mais auxquels on revient sans cesse pour enfin comprendre pourquoi on aime tant se faire peur. Girl Band est un groupe unique, à découvrir ou à redécouvrir avec ce fantastique nouvel album.