[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a simple annonce d’un nouvel album de Papa M, alias David Pajo m’avait déjà rempli d’un bonheur profond, avant même d’en avoir écouté la moindre note, tant j’aime le bonhomme depuis un paquet d’années. Maintenant que ce Highway Songs existe pour de vrai, le bonheur n’en est que plus intense tant je n’y croyais pas et, qu’en plus, c’est un très bon disque.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a pochette est tout à fait appropriée, car, en effet, David Pajo voit enfin la lumière au bout du tunnel après une période excessivement difficile de sa vie, entre un très grave accident de moto qui faillit le laisser paralysé et une tentative de suicide. Highway Songs semble marquer la fin de cette sale période et nous rend un musicien libre et de retour sur le chemin du bonheur.
Son album précédent, Scream With Me, constitué de reprises neo-folk des punks furieux des Misfits date déjà de 2009 et depuis lors, on était en attente de la suite d’une discographie jusqu’alors abondante aussi bien en qualité qu’en quantité.
Un petit tour en arrière s’impose en effet, car on n’oubliera pas bien sûr que pour beaucoup, David Pajo est avant tout le guitariste de Slint, peut-être bien le groupe le plus mythique de l’histoire du rock et qu’il participa ensuite à quelques pièces maîtresses du rock américain, Millions Now living Will Never Die ou TNT de Tortoise, en tout premier lieu mais également au sein de The For Carnation ou en compagnie de Will Oldham (Joya).
Il flirte même avec le succès en accompagnant sur scène les Yeah Yeah Yeahs et Interpol, s’essaye au metal au sein de The Dead Child et crée même Zwan avec Billy Corgan et Jimmy Chamberlin des Smashing Pumpkins pour un album bien moins indispensable que ses œuvres solos.
Aerial M, Papa M, Evila ou encore Pajo, le guitariste change en effet de patronyme comme de chemises (de cow-boy) et nous offre quelques sublimes albums de folk indé et post-rock, de Whatever Mortal à 1968 en passant par Aerial M, entre autres incursions électro et black metal.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]nregistré chez lui, dans son appartement à Los Angeles, pendant sa longue convalescence, Highway Songs semble balayer toutes les passions musicales de David Pajo, s’affranchit de toutes limites et voit Papa M se balader dans 3 univers semble-t-il incompatibles, sauf pour lui, puisqu’il passe allègrement du heavy metal au folk via un détour par de l’électro expérimentale pas bien loin d’Autechre ou Aphex Twin.
Vous rêviez de la rencontre entre Judas Priest et Red House Painters ? Et bien, c’est fait, je ne suis pas certain que les fans des uns et des autres vont s’y retrouver mais, pour les curieux, c’est délicieux !
L’album est très court et peut sembler parfois manquer d’unité, comme si David Pajo sentait un besoin impératif de se précipiter, toutes guitares en avant et de tout balancer d’un premier jet, trop heureux de revenir aux affaires, une esquive d’album étant déjà pour lui une grande victoire.
Schématiquement, on pourrait découper l’album en effet en 3, métal avec l’inaugural Flatliners, Green Holler et Bloom, pas mes morceaux favoris même si les deux derniers se révèlent au final assez jouissifs et bien fichus. J’ai quand même une nette préférence pour les petites vignettes electro-expérimentales telles le tordu The Love Parade (et son succulent I Love You Daddy, susurré par ses filles), l’hypnotique Adore A Jar ou le planant Coda.
Le versant folk se présente quant à lui avec Dlvd et Walking On Coronado, jolies ballades mélancoliques faites de tension et de tristesse avant de se clôturer sur Little Girl, seul morceau chanté, superbement d’ailleurs, de l’album et aux paroles très personnelles et émouvantes (Little Girl, Teach Me To Love Again), pas bien loin du Dinosaur Jr de Green Mind.
Papa M nous offre là un beau retour, profondément humain, certes David Pajo a déjà atteint d’autres sommets mais ce disque a le mérite de le remettre dans le bon sens et cela n’a pas de prix.
Highway Songs est disponible depuis le 11 novembre chez Drag City/Modulor.