[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]omme toujours chez BAM BALAM RECORDS, le voyage est instantané. Sur les berges mouvantes d’un fleuve asiatique, une sorte de Jandek sous acides s’est installé et s’est décidé à vous peindre son cadre haut en couleurs.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a guitare se veut minimaliste, voire rachitique, entre folk dépouillé, pour ne pas dire dénudé, et blues désossé, alors que les arrangements perforent avec douceur les cordes parfois à peine effleurées. Les mots tombent comme des gouttes d’une pluie épisodique, fendant l’air et laissant apparaître ce doux matin ensoleillé que la génération power flower semble avoir manqué. Les voix se devinent plus qu’elles ne s’écoutent car les mots, rares, sont soumis à une réverbération qui laisse flotter un parfum onirique comme autant de bâtons d’encens déposés à ses pieds.
Le décor évolue perpétuellement, et chaque morceau apporte son recoin de paysage inexploré, malgré une mécanique similaire. Ici un drone, là des cordes frottées et grinçantes. Tout est construit pour dissoudre ces parfums asiatiques, lentement, insidieusement, voire pernicieusement, et les huiles essentielles utilisées pour ces tableaux figuratifs se répandent à mesure que le poison opiacé se dilue au milieu de ce blues champêtre et étouffant. La maîtrise de l’univers tient dans cette facilité à renouveler son propre sillon, là où l’on pourrit craindre la rengaine.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e disque défile comme une danse incertaine et continue et les morceaux s’enchaînent nous menant sur le frêle esquif d’un voyage périlleux. La douceur de la guitare acoustique repose les âmes alors que les arrangements, s’efforcent de les torturer.
Un melting pot sonore se profile d’une manière tout à fait improbable croisant la froideur du Houston de Jandek, la chaleur du Mississipi, la moiteur du Mékong, et l’incertitude psychiatrique d’Aguirre.
Comme toujours chez BAM BALAM RECORDS, ce disque ne se picore pas et pour en cerner toute la beauté, il faut en faire le tour, l’écouter sans escale, s’interdire de descendre avant la destination, au risque de rater son voyage et de passer à côté d’un pays que l’on ne connaît pas.
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