[dropcap]N[/dropcap]ous devions rencontrer Paul Haslinger pour un entretien autour de son nouvel album, Exit Ghost. A quelques jours du confinement en France, l’ex Tangerine Dream a été rapatrié d’urgence aux Etats-Unis et l’interview annulée. Les questions étaient nombreuses : pourquoi avoir peaufiné ce cinquième album solo pendant huit ans, pourquoi avoir choisi le piano comme instrument de prédilection sur Exit Ghost etc. Ce n’est pas bien grave, certaines œuvres gagnent à rester entourées de mystère. La beauté des 13 instrumentaux d’Exit Ghost nécessite une écoute solitaire pour se dévoiler. Cérébral mais pas barbant, cette œuvre infiniment personnelle se démarque du travail récent qu’il a pu effectuer pour la série Halt & Catch Fire. A titre d’indices sur l’univers culturel dans lequel Paul Haslinger a baigné ces derniers temps il nous offre un compte rendu de ses disques, films, séries et livres préférés du moment. Il nous parle de sa passion pour Daniel Avery, Ladj Ly ou Virginie Despentes.
5 Albums
Philip Lambro – Los Angeles 1937 (Perseverance Records)
C’est la première bande son composée pour le film Chinatown sorti en 1974. Elle a été rejetée par les producteurs. Elle a été publiée en 2012 par le label Perseverance Records. Je conseille de l’écouter en lisant le livre The Big Goodbye de Sam Wasson qui parle du tournage du film.
Daniel Avery, Alessandro Cortini: Illusion of Time (Mute)
Je suis fan de Daniel Avery et d’Alessandro Cortini depuis longtemps. Ce disque contient tout ce que j’aime. La musique électronique devrait toujours être de cette qualité.
Mary Anne Leach: (F)Lute Songs (Modern Love)
Ce disque est d’une beauté sobre. Mary Anne Leach nous transporte dans une zone automnale.
Netherworld: Algida Belleza (Glacial Movements)
Encore un disque qui vous transporte loin si vous prenez le temps de vous y plonger. Dans une période aussi intense que celle que l’on traverse, trouver un tel espace dans la musique d’Alessandro Tedeschi s’apparente à un kit de survie.
Sinoia Caves: Beyond the Black Rainbow (Jagjaguwar)
Cette bande originale m’a toujours marqué. J’aime sa simplicité, sa puissance et l’atmosphère qu’elle apporte au superbe film de Panos Cosmatos.
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6 Films
Les Misérables (dir: Ladj Ly, France, 2019)
Il est difficile de trouver quelque chose à raconter sur ce film. Il est si bon qu’il vous laisse sans voix. Les prises de son et la musique sont également époustouflantes.
Chinatown (dir. Roman Polanski, 1974)
J’avoue être obsédé par ce film. Lire The Big Goddbye de Sam Wasson qui parle de sa création m’a rendu encore plus accro. Je ne m’en lasserai jamais.
Monos (dir. Alejandro Landes, 2019)
Le récit visuel est bluffant. La bande son de Mica Levi est formidable. C’est le meilleur film que j’ai eu l’occasion de voir depuis longtemps.
Us (dir: Jordan Peele, 2019)
Chaque aspect de ce film est génial. Jordan Peele est l’un des meilleurs réalisateurs et scénariste de notre époque. Le titre d’ouverture de la bande son de Michael Abels ne quittera jamais mon esprit.
Cold War (dir. Pawel Pawlikovsky, 2018)
J’ai grandi en Europe pendant la dernière phase de la guerre froide. J’ai voyagé et tourné dans certains pays communistes à cette époque. Ce film a réveillé une corde sensible en moi en parlant des personnes victimes de ces circonstances. C’est un film cru et troublant Un des meilleurs que j’ai eu l’occasion de visionner.
Faute d’Amour (dir. Andrey Zviagintsev, 2017)
Un film aussi magnifique que désastreux. Il est discrètement poignant, en révélant plus sur la situation de notre époque que n’importe quel commentaire que j’ai pu lire.
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5 Séries
DEVS (Hulu)
J’ai toujours apprécié le travail d’Alex Gardland. Même si l’aspect scientifique est discutable, l’histoire est folle, inspirante et incite à la réflexion. Ce n’est pas encore du même niveau de Kubrick mais ça s’en approche.
Euphoria (HBO)
Ma première bande son pour la télévision était pour le teenage movie Cheaters en 2000. J’ai donc apprécié la bouffée d’air frais apportée à ce style par Euphoria. Tout fait tellement réel. La manière dont la musique se fond dans le décor est éblouissante. A regarder absolument.
Ozark (Netflix)
Ce qui est bon le reste toujours. Je ne me lasse pas de regarder cette série. Elle est formidablement écrite, bien jouée et la musique est bonne.
The Leftovers (HBO)
Sur papier on pourrait penser que c’est une série qui ne va pas marcher. Bizarrement ça fonctionne et c’est magnifique. La sélection musicale supervisée par Liza Richardson est incroyablement éclectique.
False Flag (Hulu)
Une nouvelle série réussie qui nous vient d’Israel. Elle évolue dans le milieu du contre-espionnage. C’est l’une des meilleures séries psychologiquement tordues que j’ai eu l’occasion de regarder depuis un moment (ok, Mindhunter était pas mal dans le style).
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5 Livres
Sam Wasson: The Big Goodbye.
Ce livre parle de la création du film Chinatown. Plus qu’une narration historique, c’est l’une des meilleures descriptions du processus créatif, de l’obsession et de la déraison que j’ai eu l’occasion de lire. Je vous le recommande vivement.
Stephen Prince: A Year In The Countryside : Straying from the Pathways
Un bon compagnon de route aux écrits de feu Mark Fisher. Ce livre apporte un bon résumé des projets d’anthologie passés et présents. Il comporte beaucoup de références à des films et des disques de qualité.
Virginie Despentes: Vernon Subutex 1
Seuls les français peuvent écrire un livre sur un disquaire en chute libre et en faire une déclaration extrêmement divertissante sur la vie au 21ème siècle.
Mark Fisher: K-Punk
Si quelqu’un me demandait comment l’histoire de la musique et la théorie sur l’art devraient être analysées, je leur recommanderais de lire ce livre ou n’importe quel autre de Mark Fisher. C’est un trésor de références et de sources. Je pense que l’influence et le statut de Mark Fisher vont s’accroître dans les années à venir.
Harry Dodge: My Meteorite
Une lecture divertissante. L’approche créative est plutôt bordélique dans son ensemble. Il est plutôt rare de trouver un moyen de décrire cette confusion sans fatiguer ou lasser les lecteurs. Ce livre est une exception. Dans une veine similaire à celle de Ben Lerner, j’ai aimé chaque chemin tordu emprunté dans ce livre introspectif.
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Paul Haslinger
Exit Ghost
Artificial Instinct Records
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Crédit photo : Steve Gullick