Malgré le départ de trois membres du groupe depuis sa création, Real Estate a toujours su garder une identité très forte. A quoi cela est-il dû ?
Alex : Martin compose presque tous les titres, puis chacun apporte sa pierre à l’édifice.
Martin : C’est surtout parce que nous n’essayons jamais de sonner comme l’album précédent.
Alex : Oui mais pourtant notre évolution en terme de son n’est jamais radicale. Nous évoluons progressivement. Notre batteur originel nous a accompagné jusqu’à la sortie du premier album. Il était présent pour poser les fondations. Notre précédent clavier était juste un amis qui s’occupait de notre merchandising. Nous avons recruté Matt qui est quelqu’un de plus professionnel qui peut également enregistrer avec nous. L’arrivée de Julian à la guitare est le changement le plus radical qui nous soit arrivé. Son jeu de guitare est vraiment particulier.
Martin : J’ai hâte d’arriver à l’enregistrement du prochain album. Julian nous a rejoints alors que le process était déjà lancé. Pour le prochain disque, il s’investira dès le départ.
Julian Lynch : Nous sommes vraiment devenus complices sur scènes. Ça devrait s’entendre sur notre prochain enregistrement en studio.
Alex : Nous sommes un peu comme Fleetwood Mac. Ils ont beau changer de guitaristes, Mick Fleetwood fait toujours parti du groupe pour donner les directions (rire).
Le choix de Cole MGM (Snoop Dog, Dam Funk) à la production paraît plutôt inattendu. Comment vous êtes-vous retrouvés à collaborer ensemble ?
Alex : On le connaît depuis longtemps. C’est non seulement quelqu’un de doué pour créer des palettes sonores, mais également un excellent musicien.
Martin : Il a aussi travaillé avec des groupes similaires à Real Estate. Il sait exploiter les grands studios d’enregistrement pour faire sonner magnifiquement les albums qu’il produit. C’est ce qui m’a séduit chez lui. Il vient du même milieu que nous. Il a un groupe pop que nous aimons beaucoup et est habitué aux tournées. Il comprend tout de suite nos besoins. Son travail dans le monde du Hip Hop lui ouvre d’autres perspectives. Elles ressortent dans In Mind, notamment dans la programmation des batteries.
Martin, tu écris et enregistre toujours les paroles à la dernière minute. Quelle est la raison qui te pousse à travailler ainsi ?
Alex : Attention, sujet brûlant (rire)
Martin : (embarassé) Je l’ai encore fait pour In Mind. Il m’est plus facile de composer des mélodies que d’écrire des paroles. Ça ne facilite pas toujours la tâche aux autres membres du groupe. Lorsque l’on travaille de nouveaux morceaux je bafouille parfois une mélodie pour leur donner une idée de ce que j’ai en tête. Je finis parfois mes textes à la dernière minute, en studio. C’est parfois stressant même si dans l’ensemble ça ne se passe pas trop mal.
Alex : Nous devons parfois réenregistrer les morceaux. C’était le cas de Darling. Il était impossible de caler les paroles de Martin à la fin du titre. Ça ne collait pas. Il a fallu retravailler le refrain et modifier la structure du titre. Nous écrivons de fait des lignes directrices pour les vocaux avec nos instruments. Pourtant Martin nous surprend toujours car il place toujours sa voix d’une façon que nous n’aurions pas imaginée. C’est ce que j’aime dans ce groupe. Chacun contribue aux arrangements avec une touche personnelle.
Votre musique mérite une écoute attentive. Il faut souvent plusieurs écoutes pour qu’elle révèle toutes ses richesses. En êtes-vous conscient ?
Martin : C’est le meilleur compliment que l’on puisse nous faire. Nous avons évoqué avec toi notre amour des mélodies et des arrangements. Il y a toujours des subtilités à découvrir car nous travaillons dur dessus. Cole nous a beaucoup aidés pour In Mind. Il a ajouté des collages de nos expérimentations qui m’ont étonné lors de l’écoute du mix final. Je n’avais pas prêté attention à ces détails lors des sessions.
Gardez-vous tout de même une part de spontanéité en studio ?
Oui car c’est indispensable. On essaie de garder le juste équilibre. Nous ne sommes pas Steely Dan. Nous n’avons ni le temps ni l’argent de peaufiner les moindres détails. C’est pour ça que nous travaillons beaucoup en amont pour avoir une bonne compréhension de ce à quoi l’album va tendre. Le travail ne nous fait pas peur.
Crédit Photo : Alain Bibal
Merci à Viviane Brès
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