Drôle de « passage » que celui proposé par Alexandre Courban : une jeune femme noyée, un ouvrier au bras arraché et décédé et encore une autre mort violente. En 1934, l’avenir n’est pas rose. Les éditions Agullo annoncent une grande saga historique avec ce premier tome. Effectivement le côté social est extrêmement présent à travers les mots de l’auteur.
« Pour la troisième fois en moins d’une semaine, la population ouvrière e la capitale était descendue dans la rue. une immense cortège réunissant deux cent mille personnes s’était formé depuis la place Mazas jusqu’au Père-Lachaise. »
─ Alexandre Courban, Passage de l’avenir,1934
L’Histoire est au cœur de ce court roman. L’entre deux guerres. La condition ouvrière et déjà le pouvoir du capitalisme et de ceux qui en abusent.
Un policier qui mène une enquête suite à la noyade de cette femme sans nom et dont il devine que cette mort arrange plusieurs personnes. Formidable personnage que l’on espère revoir tant il détonne.
« Bornec s’agaçait de la situation. Il se posait encore trop de questions. Le commissaire voulait simplement – comme toujours – trouver la solution de l’énigme. Il ne s’agissait absolument pas de justice – Bornec se moquait de la vérité comme du mensonge – mais de résoudre un problème. »
─ Alexandre Courban, Passage de l’avenir,1934
Un journaliste en quête de scoop, communiste et sensible au sort des employés martyrisés. Et enfin une ouvrière, à la grande gueule, qui refuse de se laisser faire.
Alexandre Courban s’amuse à nous décrire avec gouaille et envie ses personnages, ceux qui guide le roman et ceux ou celles qui ne font que passer. Il apporte un soin particulier à chacun d’entre eux et nous donne ainsi à lire des scènes étonnantes et qui marquent.
« Elle était semblable à ces prolétaires orgueilleux qu’il avait vues quelques semaines auparavant. Elle incarnait cette crâneriez des filles du peuple qui montaient aux barricades pour en découvre. Elle soutint immédiatement son regard avec une assurance tranquille.
C’est une drôle d’idée que vous avez eue, commissaire, de nous convoquer dans le bureau du directeur. Vous aimeriez, hein, qu’on vous raconte ce qui se passe, de temps en temps, derrière ces murs sinistres ?»
─ Alexandre Courban, Passage de l’avenir,1934
Si l’on s’intéresse un peu à l’auteur de ce formidable livre, on découvrira qu’il est historien de formation et qu’il est Conseiller d’arrondissement délégué aux anciens combattants, à la mémoire et au patrimoine du 13ème arrondissement de Paris, faisant partie du Groupe Communiste et citoyen. Tiens donc. La fibre sociale aperçue et parfois reçue comme un coup de poing ne se dément pas.
Dès lors, après avoir suivi ce trio de personnages détonants pour ces 200 pages haletantes, on se demande ce que pourra être la suite et surtout, on a hâte de la découvrir.