Une voix chaude qui t’enveloppe de douceurs et incomparable à nulle autre, des chansons aussi belles et simples qu’alambiquées, voilà 25 ans que l’immense Califone ravit les oreilles de quelques happy few, trop heureux d’avoir un jour rencontré la musique de Tim Rutili et ses amis, tel un trésor caché qu’on a juste envie de partager, après être tombé raide amoureux d’un Quicksand/Cratlesnakes ou d’un Stitches.
L’occasion est donc trop belle d’étendre le fan club du groupe du groupe de Chicago, installé dorénavant à Los Angeles, en se plongeant dans le magnifique Villagers, son huitième album, trois ans après Echo Mine, qui déjà remettait Califone en selle, très actif au début des années 2000 mais ayant espacé les plaisirs au fil du temps.
Tim Rutili est en effet un artiste touche à tout, peintre, poète, ayant fait ses premières armes avec Red Red Meat et croisé aussi également au sein de Loftus ou Ugly Casanova, entre autres projets. Heureusement, il réussit encore à réunir autour de lui quelques collaborateurs fidèles, comme, pour les 9 nouvelles chansons de Villagers, le batteur Ben Massarella, le guitariste Michael Krassner ou le multi-instrumentiste Brian Deck.
Ox-Eye, l’extrait ci dessous est un modèle du genre pour définir la musique de Califone, mélancolie, tristesse et douceur, le genre de morceau qui te prend au tripes mais que Rutili et sa bande prennent le malin plaisir à noyer d’effets, glissant quelques bips et autres bidouilles électroniques sur un piano délicat et des guitares qui ne demandent qu’à s’affoler.
Du somptueux The Habsburg Jaw au délicat Sweetly, Califone trouve toujours le mot juste, la note idéale pour distiller une rare émotion, qu’il se lance dans une folk song des plus délicates (Skunkish) à un soft rock très 70’s (Mc Mansions), le tout sans jamais perdre cette envie de triturer sons et mélodies avec délicatesse et inventivité, puisant aussi bien du côté d’un Captain Beefheart que d’un D’Angelo.
La musique de Califone donne le sentiment d’un moment suspendu, la bande originale d’un monde qu’on regarde s’écrouler avec bienveillance, comptant sur quelques amis pour partager quelques histoires à la Robert Altman. On croise ainsi des personnages pittoresques, avec lesquels Tim Rutili converse, de sa fantastique voix, avec malice et émotion et un peu plus d’assurance et de sagesse qu’à ses débuts, comme sur le superbe Halloween ou l’élégiaque Comedy.
Grand bonhomme, grand groupe, grand disque, Califone vous accueille avec plaisir, installez vous donc confortablement et profitez de ce magnifique Villagers !