Castle Rat
Into the realm
King Volume Records
12 Avril 2024
Certains disques vous dépassent et vous envahissent à tel point, que vous ne pouvez vous empêcher d’en faire des louanges, d’en être même attiré par un magnétisme irrépressible. Au risque de se répéter, combien se sont acharnés sur le heavy-metal jusqu’à en renier son côté épique ? Les derniers vautours ont décharné la carcasse d’une musique que l’on disait moribonde, pire encore, la marchandise était devenue de mauvaise qualité et le verbe subissait la dégressivité de la didactique littéraire. Vous ne trouverez rien de tout cela chez Castle Rat dont la thématique s’inscrit dans chaque titre, en un combat contre le mal. Justement la mutation du mal en bien (ou inversement), ne provient pas d’une magie douteuse mais simplement de la pureté du regard qui ne retient que la beauté qui transforme alors ce qu’elle contemple.
Êtes vous hermétique au Heavy métal au point de ne pas pousser d’un curseur votre curiosité ? Kurt Cobain reprochait justement la virilité outrancière du genre, mais ce temps est révolu, du moins avec l’existence d’un renouveau musical et philosophique qui ont fondamentalement fait évoluer les menalités. Prenons l’album dans le désordre, le titre Cry to me n’est il pas la preuve du potentiel vocal de Riley Pinkerton ? La beauté n’est-elle pas dans les yeux de l’autre ? L’erreur est de magnifier le jour au dépend de la nuit. Châtelaine serpentine de catacombes, The Rat Queen en a extrait cette sonorité cryptique où les guitares se croisent comme le fer. Enregistré dans une église en ruines, parmi les vestiges, Castle Rat s’est entouré de Davis Shubs et Thomas Johnsen, le soin apporté aux sonorités s’apparente à l’analogique et même au lofi. Plongez dans Red Sands ou laissez vous revêtir de Fresh Fur, le groupe échaffaude des passerelles et des béances dans l’invisible et par la musique qu’une intuition semble guider, une transfiguration dans laquelle se trouve le germe de la résurrection de l’âme et de sa survie.
Chaque membre du groupe a un nom spécifique en lien avec Castle Rat. L’humain éprouve la nécessité de se délester de sa pesanteur peccamineuse sur le monde animal, les angoisses et les pensées, l’inquiétude à l’égard de l’avenir a pour effet d’alourdir notre condition d’être vivant conscient. Le problème est que notre mémoire est encombrée par la crainte de perdre quelque chose ou de ne jamais parvenir à combler le vide intérieur. Dans cette quête, Castle Rat mène un combat par le biais de la musique pour libérer l’humanité de sa propre vanité. Nul doute que Into The Realm va ravir les fans de toutes les obédiences musicales.