De nombreux projets solos ou parallèles ont été produits ces dernières années et furent souvent de bien jolies surprises. On pense notamment à ceux de Daniel Rossen, de Dean Wareham ou plus récemment à ceux de Robert Foster ou de Pete Astor. Au tour de David Brewis de se lancer, entre deux albums de Field Music, son groupe de Sunderland, fondé en 2004 avec son frère Peter, puisqu’il vient en effet tout juste de sortir le très beau The Soft Struggles sur Daylight Saving Records, leur label qui regroupe les aventures extra-musicales du groupe.
Il s’était d’ailleurs déjà essayé en solo avec un trio d’albums sous le nom de School Of Language. Ses 3 albums (Sea From shore, Old Fears et 45) démontraient déjà le talent mélodique du plus jeune de la fratrie Brewis mais ne s’éloignaient guère de l’univers Field Music, fait d’art pop complexe et finement ciselé. Cette fois avec The Soft Struggles, David Brewis nous embarque vers un univers plus intime, plus personnel. Son album d’une orchestration magnifique et remarquablement produit est d’une élégance qui séduit tout du long et s’essaye avec brio à mélanger pop baroque, jazz et bossa nova.
Il confie : « Chaque fois que Peter ou moi sortons de la musique en dehors de Field Music, on nous demande : « Qu’est-ce qui la rend différente d’un disque de Field Music ? ». Eh bien, ma meilleure explication est qu’avec Field Music, nous avons l’impression de viser une synthèse de tout ce qui nous intéresse à un moment donné. (…) Mais quand l’un de nous veut se concentrer sur une seule chose, sur une palette particulière, c’est là que les projets solos et les activités extrascolaires prennent tout leur sens. » The Soft Struggles a en effet une palette très particulière. Avec son piano, ses violons, sa flûte, sa contrebasse et sa clarinette, on est ici loin de la formation pop-rock plus classique à laquelle Field Music nous avait habitués.
C’est avec Can We Put It In The Diary ? que Brewis nous embarque avec lui et l’on comprend très vite qu’il n’a pas fait ici les choses à moitié. Suit le sublime Surface Noise, qui sonne étonnamment comme un retour à la fin des 60’s et à ce qu’elles avaient de plus réjouissant. La flûte s’en donne à cœur joie, les cordes vibrent et le rythme est enjoué, Van Morrison ou The Left Banke ne sont pas loin et David Brewis ne souffre aucunement de la comparaison.
Les quelques musiciens qui l’accompagnent, dont son frère, jamais bien loin, se mettent au diapason de ces chansons légères et incroyablement fluides. Trombone, piano, violon…c’est un ravissement pour nos oreilles, déjà sous le charme de la voix toute douce de David Brewis ou celle, merveilleuse, d’Eve Cole en particulier sur l’éblouissant When You First Meet.
Avec Tomorrow ou Keeping up with Jessica, on se prend à danser la bossa en rêvant de doux soleil et de sable chaud. L’enchanteur Start Over est d’une élégance mélodique presque surannée qui renverrait à ces années un peu folles qui donnaient à vivre intensément.
Quant à High Time, ce titre est juste magistral. Les instruments s’accordent à merveille avec la voix très singulière de David Brewis. On sent qu’ils y prennent tous du plaisir, un plaisir si communicatif. Le temps est d’ailleurs le thème central de The Soft Struggles, le passé, le présent et le futur se croisent et se décroisent (It Takes A Long Time, Start Over, The Last Day…) et semblent se suspendre les quelques 33 minutes de ce précieux et superbe disque !
David Brewis · The Soft Struggles
Daylight Saving Records– 24 février 2023