Jonathan Bree
Pre-Code Hollywood
Lil’Chief Records
12 mai 2023
Le néo-zélandais Jonathan Bree toujours dissimulé sous son masque blanc est de retour avec Pre-Code Hollywood, son cinquième album depuis qu’il a décidé de se lancer en solo, cachant son visage depuis lors, trois ans après la sortie de son trop méconnu After The Curtains Close, le Covid étant malheureusement passé par là.
Musicien depuis l’âge de 12 ans, il commença par se faire un nom avec The Brunettes, avant de mettre entre parenthèses sa propre carrière d’artiste pour se lancer dans la production et créer son label Lil’ Chief Records, qui continue depuis à sortir tous ses disques, ainsi que ceux de quelques compatriotes comme la délicieuse Princess Chelsea, elle même présente sur ce Pre-Code Hollywood, dont le titre vient du Code Hays, ce système de censure régissant le cinéma américain des années 30 et 60, autorisant ou pas telle ou telle image.
L’autre grand invité de ce nouveau disque est le légendaire Nile Rodgers (Chic), qui prête ici ses doigts de sorcier aussi bien en tant que producteur que guitariste à deux morceaux, Pre-Code Hollywood et Miss You, superbes tous les deux et qui devraient permettre à notre Jonathan de retrouver le succès obtenu avec son You’re So Cool, le single magique extrait de Sleepwalking, paru en 2018.
La présence de l’illustre collaborateur de Bowie pour Let’s Dance ou des Daft Punk du Random Access Memories semble aller de soi, tant ce Pre-Code Hollywwood se délecte d’un son 80’s, entre pop synthétique et disco et nous entraîne sur les pistes de danse comme à la grande époque, même si on y va d’un pas tremblant et le moral au plus bas.
De We’ll All Be Forgotten à l’ironique Epicurean, sur lequel le crooner d’Auckland ne s’imagine toucher le bonheur que vautré seul sur son canapé, l’heure n’est pas à la joie tout au long des 9 titres de l’album, qui nous entraînent quelque part entre Divine Comedy (City Baby) et Human League (When We Met), donnant ainsi une touche profondément humaine et émouvante à ce trip synthétique vers la quête de soi dans un monde de plus en plus artificiel, jusqu’au final You Are the Man, aussi gai qu’un Sisters of Mercy, sous une pluie d’automne.
Il faut la douce voix de Princess Chelsea sur Destiny ou la compagnie d’un chien sur le sublime Politics pour sembler réussir à le faire sourire sous son masque de spantex, pourtant, il devrait être heureux, tant ce Pre-Code Hollywood regorge de qualités et confirme le talent très particulier et attachant de Jonathan Bree.