A l’heure des grandes manœuvres de rentrée des classes, qu’il est plaisant de se laisser porter par un projet aux prétentions mesurées bien qu’agréablement ficelées !
Pour son quatrième album intitulé Bear In Town, le « supergroupe » Spirit Fest a réussi à combiner habilement les aspirations diverses de ses riches composantes. Les six chansons de ce bel amalgame éclairent ainsi différents aspects du quintette : Des chansons pop charmantes, flirtant souvent avec une mélancolie latente, le tout pour une humeur véhiculée grâce à une combinaison instrumentale douce. La tonalité de l’ensemble en ressort d’apparence candide, à l’image de la pochette du disque représentant le dessin enfantin d’un ours perché dans un arbre alors que le flux des voitures s’empare de la ville. Toute une symbolique décalée !
La présente livraison a été goupillée à la base par Mat Fowler (Bons, Jam Money) puis enregistrée à Munich par les autres membres de la troupe : Saya et Ueno (Tenniscoats), Markus Acher (The Notwist) et Cico Beck (Joasinho, Aloa Input). Bear In Town se déploie alors telle une offrande concise, précise et finalement troublante. Immédiatement, la profondeur des sentiments s’en extirpe comme une évidence en filigrane d’apparences faussement fades.
A titre d’exemple, Kou-Kou Land qui ouvre le bal n’est pas sans rappeler quelques compositions de Tenniscoats, notamment dans cette manière dont les musiciens tissent une douce complexité autour d’un chant simple et répété.
A l’écoute d’une veine instantanément reconnaissable, Markus Acher esquisse les parfums d’une tendre ballade dont il détient une fois encore la fine capacité afin de réchauffer les cœurs des petits et des grands.
Dans un registre finalement pas si éloigné, Like A Plane réutilise une chanson pensée à l’origine par l’intéressé pour son dernier EP en date. Si la version d’origine s’appréhendait à travers une lamentation introvertie, le remodelage pour le compte de Bear In Town diffuse quant à lui une forme de tendresse attachante.
L’œuvre achève son cheminement avec deux instants plus tranchés question hétéroclite démonstration : Hill Blo bercé par les rythmes d’une bossa-nova enivrante avant les développements plus naïfs de la plage conférant son nom au recueil. Bref, quelques minutes d’évasion avec leur lot de caresses pour nos esgourdes et notre palpitant. Un disque pas trop long mais chaudement recommandé par votre serviteur.