1974. Glasgow est en deuil. L’incendie criminel d’un salon de coiffure cause la mort de cinq victimes.
«On aurait dit que tout Glasgow était en deuil. La nouvelle de l’incendie était tombée quand McCoy était encore à l’hôpital. Le matin où elle avait été rapportée, il avait vu deux infirmières pleurer, un journal ouvert devant elles. Ce soir-là, médecins et patients s’étaient rassemblés devant le téléviseur pour les infos de dix-huit heures, qui s’étaient ouvertes sur des images du salon et de femmes en pleurs tout autour. Les photos des petites en robe de communion en avaient fait sangloter plus d’un. Même McCoy avait eu du mal à les regarder »
─ Alan Parks, Joli mois de mai, p.46
Trois adolescents, arrêtés puis inculpés pour ce crime, se retrouvent mystérieusement kidnappés. Le cadavre de l’un d’entre eux est déposé, un matin, en plein centre-ville…
Nous voici avec le cinquième volet de la série Harry McCoy. Cet inspecteur s’inscrit dans la généalogie du genre : solitaire, éprouvé, en proie aux angoisses de sa fonction.
Après avoir fait sa connaissance lors de Janvier Noir, Mc Coy doit cette fois-ci démêler plusieurs intrigues : pourquoi le salon de coiffure a-t-il été incendié ? Quels sont le mobile et le commanditaire ? Pourquoi les adolescents présumés coupables de ce crime sont-ils enlevés ? Les autres disparitions de jeunes gens sont-elles liées à cette étrange affaire ?
Nous suivons alors pas à pas MCoy, de rue en rue, de pub en pub, dans une ville de Glasgow, sombre, miséreuse, traversée de multiples tensions, triste et monotone mais une ville ressentie comme un authentique et attachant personnage de cette série.
« Une heure plus tard, à l’abri sous le porche du Bells, McCoy regardait la pluie tomber. De l’eau jaillissant d’un égout bouché dévalait Springburn Road comme une rivière, des reflets de lampadaires et d’enseignes lumineuses tremblotaient sur le sol. McCoy devait reconnaître que ce déluge lui plaisait. Il aimait les conditions météorologiques affirmées – les pluies torrentielles, la neige, les vagues de chaleur. C’était mieux que l’habituelle et morne bruine de Glasgow. »
Alan Parks, Joli mois de mai, p.154
A la suite d’un premier tome qui plantait le cadre et les personnages principaux – Alan Parks développe une intrigue solide, aux arcs narratifs prenants. Son univers peut évoquer celui de David Peace, sans le nihilisme, ainsi que Val Mc Dermid, autre figure majeure du roman policier écossais, sans non plus la violence paroxystique. Il dépeint un inspecteur épris d’humanisme, qui oscille entre résignations et convictions. Alan Parks signe un polar à hauteur d’homme, au cœur d’une ville et de vies abîmées.