Au nom des femmes de Jennifer Tamas, Points Essais, 15 mars 2024
On nous a souvent fait croire que les femmes n’avaient pas fait entendre leurs voix dans la littérature. Mais c’est peut-être parce que nous nous sommes trop facilement rangés derrière le regard masculin, ce « male gaze » qui a longtemps tenu non seulement la plume qui écrivait les romans, mais aussi le rayon critique et le rayon enseignement ! Heureusement l’universitaire Jennifer Tamas nous propose, dans un brillant essai, de reprendre nos lectures depuis le début et de démasquer ce que les interprétations ou les lectures masculines ont masqué de la voix des femmes pourtant présente dans de nombreux textes. Spécialiste de la littérature de l’Ancien Régime Jennifer Tamas démontre avec panache, exemples à l’appui, que les femmes ont dit NON, qu’elles n’ont pas toujours fait ou dit dans les livres ce qu’une lecture monofocale en concluait et qu’il nous appartient de reprendre et relire ces textes avec des yeux neufs, dessillés de nos réflexes archaïques. La lecture de ce livre fait un bien fou, on sent tout de suite les fenêtres plus grandes ouvertes et de nouveaux horizons de réflexion. Ne manquez pas cette belle sortie le 15 mars en Points Essais.
L’Inondation de Evgueni Zamiatine traduit par Barbara Nasaroff – Babel, février 2024
Bel exemple de ces femmes qui disent non, reparaît en Babel le très court mais magistral récit d’Evgueni Zamiatine, L’inondation. Ce petit chef d’œuvre, raconte le refus de Sophia de l’humiliation continue que lui inflige son mari Trofim Ivanytch qui entame sous leur toit une relation avec la jeune adolescente Ganka, qu’ils ont recueillie parce qu’ils n’arrivaient pas à avoir d’enfant. Le récit monte progressivement en puissance jusqu’à ce que la violence emporte tout sur son passage et qu’il ne reste plus que la térébrante question de la rédemption. Un texte poignant et absolument inoubliable !