Caroline Rose
The Art Of Forgetting
New West Records
24 mars 2023
Drôle de parcours que celui de la musicienne new-yorkaise Caroline Rose. Après deux albums folk passés un peu inaperçus, nous avions adoré sa transformation en queen indie pop en 2018, à l’occasion de la sortie de son épatant Loner, petit bijou de tension et d’émotion.
Poussant la formule encore plus loin, son orientation pop digitale hyper stylisée nous laissa quelque peu sur notre faim. Il faut dire que Superstar, album concept sur la célébrité, eut la mauvaise idée de sortir au tout début du confinement COVID et passa un peu à la trappe, lui entrainant énorme déception et rêve de gloire envolé.
Pour couronner le tout, rupture amoureuse difficile, problème de santé et autres événements dramatiques s’enchaînèrent et ce Art of Forgetting, son cinquième album tient un peu du miracle et la replace avec bonheur sur la carte des artistes à suivre, tant ce disque nous permet de la retrouver telle qu’on l’espérait.
The Art Of Forgetting lui donne l’occasion de traiter ces vieux démons et d’effacer cette période sombre, sans l’éluder, comme un premier bilan d’une vie faite de hauts et de bas. On retrouve ainsi quelques messages de sa grand mère, entrain de perdre la mémoire, laissés sur son répondeur (Better Than Gold , Cornbread , Florida Room ) et Caroline Rose plonge dans ses souvenirs (Love/Lover/Friend) pour mieux repartir (Rebirth).
L’album se veut moins théâtral que son prédécesseur, même s’il ne manque pas d’ambition et se révèle comme un bel objet dense et intense, portrait intime et envolées lyriques d’une artiste qui ne s’est jamais autant dévoilée (Jill Says, Where Do I Go From here ?) tout en soulevant des montagnes pop. The Art Of Forgetting varie ainsi les plaisirs, glissant délicieusement entre art pop et indie folk, avec quelques touches psychédéliques bienvenues.
C’est le genre de disque, qui, mine de rien, s’incruste sur nos platines, un disque attachant, émouvant, portée par une belle voix, entre murmures (The Doldrums, Love Song For Myself) et rage (Tell Me What You Want) et une instrumentation joliment alambiquée au service de magnifiques compositions. Caroline Rose est de retour, hors de question de l’oublier à nouveau !