Accaparée par divers projets musicaux comme la composition de la BO de Never Rarely Sometimes Always ou sa participation au projet Behind The Wallpaper avec Spektral Quartet et Alex Temple, sans oublier la naissance de sa fille, l’artiste américaine Julia Holter s’est faite quelque peu discrète depuis la sortie d’Aviary en 2018.
C’est donc un immense plaisir de la retrouver 6 ans plus tard pour son sixième album solo, intitulé Something In The Room She Moves, titre renvoyant au Something des Beatles, même si les comparaisons musicales nous entraineront plutôt vers Kate Bush, Mark Hollis voire les BO de Myazaki.
L’album semble effectuer la synthèse entre la pop magistrale du merveilleux Have You In My Wilderness et les expérimentations d’Aviary, trouvant même quelques échos de ses premiers disques comme Tragedy ou Ekstasis. Les arrangements sont toujours aussi superbes, l’instrumentation originale, riche et variée, avec la participation remarquable de Devin Hoff et Elizabeth Goodfellow ainsi que les voix de Mia Doi Todd, Jessica Kenney ou Nite Jewel.
En parlant de voix, celle de Julia Shammas Holter est toujours aussi belle, cristalline et profonde, le Sun Girl qui débute le disque en est une preuve évidente, tout en l’entourant de sons venus d’ailleurs, nous rappelant que ses disques s’écoutent fort et avec attention.
Les premiers morceaux irradient de lumière et de beauté, l’angélique These Morning, l’impressionnant morceau titre, Something In The Room She Moves et sa clarinette enchanteresse, avant de filer vers le doux et minimaliste Materia et les voix expérimentales de l’étrange Meiou, démontrant que Julia Holter excelle autant dans la pop progressive que l’ambient, musique électronique que classique ou jazz.
La suite le confirme avec éclat: la richesse instrumentale de Spinning, entre rythmiques puissantes et volutes synthétiques, la profondeur sonore du bien nommé Ocean, donnant encore une fois l’impression qu’elle interprète comme personne le chant des oiseaux ou des baleines.
Something In the Room She Moves va ainsi crescendo, atteignant encore des sommets sur le merveilleux Evening Mood, sans doute la plus belle chanson de l’album ou Talking To The Whisper, entre murmures et chuchotements jusqu’à l’apogée Who Brings Me, voix exceptionnelle, temps suspendu, émotions à fleur de peau.
Julia Holter réussit encore à nous offrir un disque exceptionnel avec Something In The Room She Moves, parfait de bout en bout comme toujours chez cette artiste incomparable.