Cat Power
Sings Dylan
Domino Record Co
10 novembre 2023
Un album de reprises, mouais, un album live, bof, alors un album live de reprises, ça emballe autant votre humble serviteur qu’un plat de nouilles trop cuites. Oui, sauf que là, c’est Cat Power, qui reprend Bob Dylan et là, tout de suite, ça intrigue, ça motive, ça interpelle.
Chan Marshall, fan de Dylan depuis son plus jeune âge, a en effet décidé de reproduire à l’identique son mythique concert au Royal Albert Hall de Londres, même si ce dernier avait dans la réalité eu lieu en mai 1966 à Manchester, au Free Trade Hall.
L’erreur du bootlegger dura jusqu’en 1995, année de la sortie de Dear Sir, le premier album de Cat Power, mais pour tous, il reste The Royal Albert Hall Concert, qu’on peut d’ailleurs retrouver sur le volume 4 des Bootleg Series, pendant lequel Dylan froissa une très grande partie de son public passant à l’électrique, accompagné de The Band alors encore appelé The Hawks, au milieu du set, après avoir démarré en acoustique.
Alors que Cat Power, habituée des reprises, s’est toujours distinguée pour se les approprier et les transformer à les rendre parfois méconnaissables et les faire sienne, de The Covers Records à Covers en passant par Jukebox. Ici, elle se fait fort de respecter fidèlement l’interprétation des chansons de Bob Dylan à la note près, on entend même le fameux Judas crié dans la foule lorsqu’elle entame la partie électrique.
Cat Power Sings Dylan, The 1966 Royal Albert Hall Concert est un disque sur lequel elle est dans la révérence et l’admiration, jouant à la perfection, le rôle de fan, de comparse et de passeuse. Cela pourrait être scolaire et un brin rébarbatif, il n’en est rien car on a le droit ici à quelques unes des plus belles chansons de Bob Dylan, de She Belongs To Me à Like A Rolling Stone, 15 classiques superbement interprétés par Cat Power, vocalement en très grande forme.
Si ces versions de Visions Of Johanna, Desolation Row ou Just Like A Woman sont splendides, l’album se révèle encore plus passionnant quand elle est rejointe sur scène par le guitariste Arsun Sorrenti, le bassiste Erik Paparozzi, les multi-instrumentistes Aaron Embry (harmonica, piano) et Jordan Summers (orgue, Wurlitzer), ainsi que le batteur, Josh Adams, déjà entendu derrière Nick Waterhouse ou Anna St. Louis.
Tell Me, Momma, Just Like Tom Thumb’s Blues…, Chan Marshall s’éclate comme une gamine et nous avec, on imagine même Dylan avec un grand sourire, et dépasse l’exercice de style pour faire de ce Cat Power Sings Dylan, The 1966 Royal Albert Hall Concert un nouvelle réussite pour l’indispensable Cat Power !