Comptes bancaires occultes, commissions, sous commissions, compromissions, mensonges, argent sale et politique, enquêtes et journalisme, juges, élections. Un mélange de tout cela. Mediapart, Plenel et Arfi. Un ministre englué. La République déstabilisée. Vous avez tout cela dans le nouveau « roman » de François Médéline. Entre guillemets parce que l’affaire qu’il utilise en point de départ sonne étrangement à nos oreilles. Et heureux hasard ou malheureux, l’homme dont il s’inspire vient de sortir médiatiquement de sa retraite pour réclamer un retour en politique, estimant qu’il a purgé sa peine et qu’il a droit au pardon. Chacun jugera.
Seul le nom de cet homme n’apparaît pas dans le livre. Les autres sont bien présents. De Hollande à Sarkozy en passant par Hortefeux ou Strauss-Khan. Tous ceux qui étaient là fin 2012 et œuvraient au pouvoir ou en sous main.
Médéline nous donne une drôle de vision de la République et de l’argent sale, des compromissions. Aura-t-on encore envie de voter après ça ?
Finalement le débat est ailleurs. Parce qu’on est emporté par le récit de François Médéline. Parce que le style qu’il choisit d’imprimer à sa langue nous ramène, comme souvent aux maîtres que sont James Ellroy et David Peace ( débat ou pas sur cette assertion ?). Alors parfois on se perd un peu et on doit se poser pour faire le point, remplir les vides. Parfois on lit trop, emporté par l’écriture de Médéline, par ses dialogues., par ses saillies.
« Le secrétaire général adjoint met son grain de sel partout. Il sort de la banque Rothschild et se pense omniscient. C’est un connard arrogant avec les dents du bonheur. Il s’appelle Emmanuel Macron. »
─ François Médéline, La Résistance des Matériaux
Alors c’est passionnant et déprimant à la fois. Ça se dévore en plusieurs sessions de lectures fiévreuses. Ça nous fait abandonner tout le reste. Et surtout, à la fin, ça continue de résonner et ça nous bouscule.
LE roman de la rentrée 2024. Et peut-être plus encore.