[dropcap]B[/dropcap]lizzard fait partie de ces textes qui s’imposent à vous dès les premières lignes : il se lit d’une traite, à l’instar du compte à rebours vital de l’intrigue.
Vivre ici c’est déjà dur quand il ne neige pas, mais en pleine tempête, c’est comme être dans le ventre du diable.
Marie Vingtras
Découpé en chapitres brefs, Blizzard joue d’une double temporalité : celle du déroulement de l’action, courte, urgente – il s’agit de la recherche d’un jeune garçon pendant une violente tempête de neige – et la temporalité de l’introspection. En effet, chaque chapitre porte le nom d’un personnage, lui donne la voix, la focale, le point de vue et lui permet ainsi de raconter son histoire.
Bess, sortie dans le blizzard avec un jeune garçon, sans que le lecteur sache quelle est la raison de cet acte à priori irréfléchi, lâche la main du gamin un instant et c’est suffisant pour qu’elle perde sa trace. Elle fait de son mieux pour avancer sous la tempête en espérant le retrouver.
Benedict remarque l’absence des bottes de l’enfant et de la jeune femme et part à la recherche de Cole, voisin et sorte d’homme de main de son défunt père, Magnus Mayer. Ensemble, malgré les réticences de Cole, ils se lancent dans une quête désespérée.
Dans sa cabane, Freeman, vieux retraité installé depuis peu d’années dans cette « terre de désolation » écoute le tumulte de la tempête et se repasse le film de sa vie et la raison de sa présence dans ce coin paumé.
Avec chaque chapitre, les voix de Bess, de Benedict, de Freeman, racontent leurs histoires personnelles, intimes, pour aboutir à un récit unique, tels les ruisseaux qui convergent en une seule rivière qui finit par tout détruire sur son passage. Elle charrie des moments de violence inouïe, de détresse, de malheur, de remords, parfois d’amour.
Sauver cet enfant perdu, pourrait peut-être permettre de sauver l’espoir et effacer le malheur qui semble être le dénominateur commun de ces destins réunis au milieu de nulle part.
Aussi riche et intense qu’il est court, Blizzard parvient a fouiller l’âme humaine et décortique l’un des sentiments les plus douloureux, la culpabilité. L’alternance des voix, des vies, donnent au lecteur le même sentiment d’urgence que celui que les personnages doivent ressentir.
Par son originalité, sa profondeur, son sens de l’essentiel, ce premier roman de Marie Vingtras est sûrement l’un des plus beaux textes de cette rentrée littéraire.
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Blizzard de Marie Vingtras
Éditions de l’Olivier, 26 août 2021
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Image bandeau : Connor Wilkins / Unsplash