Monsieur Toussaint Louverture continue de remplir sa « Bibliothèque » Michael McDowell, et la nôtre, avec un nouvel opus Katie, toujours traduit par Jean Szlamowicz.
Philomena Drax vit avec sa mère Mary, couturière, dans la pauvreté et la survie. Jusqu’au jour où elles reçoivent une lettre du grand-père qui les a abandonnées : il est riche, prêt à les aider, mais il est séquestré par sa belle-fille dans la ferme de son domaine. Philomena décide alors de partir se faire embaucher sous un faux nom pour délivrer ce grand-père providentiel. Mais arrivée sur place, elle va découvrir la terrible vérité : la belle-fille s’est remariée avec un homme, bête et méchant, qui a une fille d’un premier mariage, Katie. Si le père ne fait pas preuve d’intelligence, Katie, elle, a une intelligence particulière : celle de la violence, de la haine, du tout pour le tout. Au point de tuer le grand-père pour récupérer l’héritage et de faire accuser Philomena du meurtre. C’est alors que s’engage une course poursuite entre les deux jeunes femmes.
« John Slape, son nouveau mari, lui est en tout point semblable. Je ne sais pas comment il subsistait avant son mariage, mais je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il a fait de la prison quelque part. C’est une impression qu’il donne. De sa première femme, il a une fille prénommée Katie : certains diraient que c’est une jolie brune, mais je pense surtout qu’elle a le diable en elle. »
─ Michael McDowell, Katie
Si l’héroïne de cette histoire est bien Philomena, qui évolue au gré de sa fuite et de son désir de vengeance, rapidement, c’est le personnage de Katie qui va prendre le dessus. Par sa cruauté tout d’abord, mais aussi par une pointe de surnaturel qui patine l’œuvre de Michael Mc Dowell. Car Katie voit, en touchant les gens. Elle voit qui iels sont, mais également ce qu’iels cachent et ce qu’il va leur arriver. Ce pouvoir qu’elle va exploiter pour dépouiller des innocents, voire les tuer (et c’est là que le marteau apparaît), va plonger les lecteurices dans les salons sombres où les tables tournantes sont légion. Ainsi l’auteur fait le choix de la noirceur de l’âme humaine et utilise la curiosité morbide qui réside en chacun de nous pour nous pousser à vouloir à tout prix savoir jusqu’où Katie ira dans sa folie.
Monsieur Toussaint Louverture nous avait fait découvrir l’auteur avec la saga Blackwater, puis avec Les aiguilles d’or. Toujours avec un style acéré et efficace, Michael McDowell fait de Katie un roman horrifique victorien dont on peine à décrocher. Et c’est tant mieux.