Si vous êtes adeptes des journées pyjamas-sofas et enclins à la rêverie, Zee Skirts est taillé sur mesure pour votre confort. En période de morosité globale, où tout se précipite, pourquoi ne pas choisir une autre voie, celle du glissement progressif vers l’indolence, l’insouciance? Signé sur le fameux label W.E.R.F. Records, le quatuor mené par l’iconoclaste Zeezee L’amoroso, fortement influencé par la culture musicale Japonaise, propose au menu un album, Only the bad sleep well, contenant autant de bonbons sonores qu’une confiserie. Avant toute chose, enfilez votre vêtement de nuit et le voyage peut commencer. On retrouve cet aspect lofi dans Well Divers, ascensionnel, dissonant, chromatique, et cette palette d’instruments curieuse qui hameçonne l’oreille. Chaque titre évoque une œuvre picturale (le but n’étant pas évidemment la destruction d’un quelconque style musical), d’où ce côté inclassable.
Vous voyez une représentation de la réalité, où chaque objet est matérialisé, chaque chose palpable. Dans l’univers de Zee Skirts, la ligne qui sépare le réel du rêve est infime. Plusieurs mondes se greffent aux instruments qui s’invitent sur Candlesnuff (not enough), cuivres, percussions, pimentés de verbes succulents, saupoudrés de chœurs séraphiques.
De longue date déjà, l’hygiène des esprits couvés dans les conventions se vante de trouvailles resucées, de formules exploitées, la musique par conséquent, est condamnée d’avance à se répéter. Or, nous assistons à un renouveau musical teinté de psychédélisme. Ici la comparaison serait simpliste, Zee Skirts est la synthèse de l’univers enfantin de Syd Barrett et lofi de Kevin Barnes (Of Montreal). Tough Girl Road va même plus loin, telle une fanfare désarticulée, qui monte en intensité, chaque couplet se renforçant, explosant dans un bouquet bariolé avant d’emprunter un final exotique. Ce deuxième album se distingue par cette sonorité bubble-gum ( tendance pop 60’s) et par sa thématique conceptuelle autour du rêve. Des comptines comme The Summer is Yours tendant vers l’expérimentation, les structures couplet/refrain sont discernables mais prennent une trajectoire inattendue, chaque repère s’enrichit d’une tripotée d’instruments ( Tubas, Clochettes), de jeux vocaux.
On finit par s’attacher à chaque chanson et chacune d’elle devient, au quotidien, une compagne. Cueillant dans l’imaginaire, les images se ramassent à l’appel du lointain, de cet horizon bigarré qui parfume les songes; Zee Skirts devient l’oreiller sur lequel, on peut entendre une myriade de sonorités. Son emprise sur nos existences, dans le sens de l’irréalité, surprendra l’auditeur par ses plages mêlant folklore et expérimentations sonores avant-gardistes.
Zee Skirts – Only the Bad Sleep Well
W.E.R.F. Records – 03 Mai 2024