Amen Dunes
Death Jokes
Sub Pop Records / Modulor
10 mai 2024
Après le succès de Freedom sorti en 2018, Damon McMahon, alias Amen Dunes n’a pas surfé sur la vague et a pris le temps de se réinventer, à la fois musicalement et personnellement, alors qu’il s’était énormément exposé sur son précédent disque tout autant que sur Love.
Le voilà donc de retour, 6 ans plus tard, avec Death Jokes, un disque plus engagé, moins autocentré mais tout en critique envers une Amérique désespérante de violence et d’individualisme et en délaissant quelque peu son folk psychédélique pour introduire des éléments d’électro et de hip-hop à l’aide de synthés et samples omniprésents.
C’est ainsi qu’Amen Dunes a été amené à collaborer avec des musiciens comme le bassiste de jazz Sam Wilkes, les producteurs Christoffer Berg (Fever Ray) et Kwake Bass (Tirzah & Dean Blunt) ou bien encore Money Mark, tout allant sampler Coil, J Dilla ou lenny Bruce !
Cette nouvelle direction donne un album plus complexe, moins immédiat que ses prédécesseurs, retrouvant le côté expérimental de ses premiers essais comme l’excellent Through Donkey Jaws qui serait passé à la moulinette electro-pop. Death Jokes est ainsi entrecoupé de courtes vignettes electro hip-hop comme Joyrider ou Predator, plutôt bien fichues, même si on le préfère sur un format plus long et donnant surtout le champs libre à ses cordes vocales.
Amen Dunes, au delà de ses qualités d’auteur compositeur, est en effet un sacré chanteur, dégageant une émotion et une fragilité remarquables, comme sur le splendide Ian ou un What I Want et sa belle montée finale. Rugby Child a tout du tube en puissance, Purple Land tout autant, pourtant dans 2 styles très différents alors que Boys ou Mary Anne retrouvent une ligne folk rock plus habituelle.
Death Jokes atteint son somment avec le plantureux et épique Round The World, ses 9 minutes de pop psychédéliques, avec quelques lignes de pianos, avant une débauche de couleurs et de sons, passant par tous les états, noise et dance, nous laissant ébahis et admiratifs sur les mots de la pianiste Nadia Boulanger « rester naturel, rester libre… », parfaite définition de la musique d’Amen Dunes.