Des flics et des truands. La vieille histoire toujours recommencée. Un peu de politique aussi, de manipulation, d’escroquerie, de commerce et de capitalisme. Nous sommes en Slovaquie. Dans les années 90. La corruption bat son plein. Quelques flics surnagent. Une équipe : un petit jeune idéaliste et un vieux goguenard. Qui finissent par s’apprécier. Mais quand la mafia exécute son équipier, Miki Miko ne répond plus de rien. Tuer un homme si jeune, ce n’est pas possible. Et quand le meurtre est maquillé en accident, ça déborde. Colère et vengeance se mettent en marche.
« Il va falloir qu’il trouve quelque chose. Quand Miko sera revenu de son choc et de cette cochonnerie que le docteur lui a injectée cette nuit, il se mettra à réfléchir. Ça ne va lui prendre que deux à trois minutes.? Ensuite il se mettra à poser des questions. Il aura des réponses, parce que Miko sait comment demander. Puis il se mettra à régler ses comptes. Il ne veut pas que Miko lui règle son compte. »
─ Arpad Soltesz, Colère
Voilà déjà le troisième roman d’Arpad Soltesz, toujours aux éditions Agullo.
Alors on est pas du tout dépaysé si on a lu les deux premiers. D’abord parce que quelques personnages reviennent par ici et puis aussi on s’est habitué, presque, à la violence terrible qui traverse ces lignes, à l’injustice qui frappe ce pays et ses habitants.
« Merci, docteur. Rendez ce rapport, essayez de faire attention à le remettre au même endroit et posez-le exactement comme il était lorsque vous l’avez pris. Oubliez notre visite. N’en parlez à personne. Ne demandez rien à personne, ne vous trahissez devant personne et surtout pas devant votre chef. (…)
– Bien. Je ne veux pas vous voir finir dans votre propre frigo »
─ Arpad Soltesz, Colère
Service de renseignement. Tabassage de journaliste trop curieux, Arpad Soltesz nous décrit tout. Et au milieu de tout ça, il garde un certain humour, de même que ses personnages qui pourtant naviguent dans les problèmes. Ainsi, on pourrait parler un peu onomastique avec l’auteur. Cette façon qu’il a de donné des surnoms aux pires truands de son pays : Nounours ou encore Yéti. De savoir encore un peu rire du pire.
Au milieu de toute cette corruption, restent quelques flics intègres (qui flirtent tout de même avec l’illégalité mais pour rétablir une certaine justice), des journalistes qui n’ont pas peur (même s’ils jouent avec leur vie) et des truands qui finissent par se repentir.
« Nous nous sommes entendus sur le fait que je n’allais rien t’avouer. Je te comprends, il y a des limites au secrets des sources, ça te mettrait dans une mauvaise situation. On ne fait que philosopher. J’ai vraiment envie de savoir ce que tu en penses. Toi ou quelqu’un dans ton genre. Le problème, c’est que les hommes de ton espèce ne peuvent pas me protéger et j’ai une femme et de jeunes enfants. »
─ Arpad Soltesz, Colère
On finirait presque par prendre en pitié quelques uns de ces truands, à les comprendre et à les excuser à force de les fréquenter tout au long du roman.
Il suffirait pour inverser la tendance de relire quelques passages extrêmement violents. Vous êtes prévenus ! Arpad Soltesz ne nous épargne pas grand chose mais il le fait avec talent et nous emporte avec lui !