[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a première oeuvre de Nicolas Mathieu, Aux animaux la guerre, paru aux éditions Actes Sud, collection Actes Noirs, fait l’effet d’une bombe.
Sans en dire trop, je peux vous dévoiler qu’il y a un arrière fond social prégnant. Une usine en perdition, sur le point de fermer, des syndicalistes qui se battent sans trop y croire. Une inspectrice du travail plutôt du côté des employés, une fille de l’est qui s’échappe des mains de ses tortionnaires pour passer entre des mains compréhensives, un ancien de l’Algérie, nostalgique de ce temps-là, son petit fils qui se dope aux stéroïdes, des truands, des jeunes lycéennes à moitié paumées.
Tous ces personnages se croisent, s’aiment ou se cherchent, se détestent.
Nicolas Mathieu nous propose donc un roman noir social. Des destins brisés. Des hommes désespérés et des femmes fortes. Si le sordide est présent, il reste une porte de sortie que certains tentent de saisir. D’autres s’enfoncent dans une crise personnelle dont il semble difficile de sortir.
Parfois, et c’est ce que j’ai le plus aimé, ce que j’ai trouvé le plus remarquable dans Aux animaux la guerre (quel titre aussi !), l’auteur mélange les temps de la narration, revient au passé. Il alterne les points de vue à chaque chapitre. Nous sommes au plus près des personnages. Apprenant des choses de leurs vies, leurs angoisses, leurs pensées intimes. Ces hommes et ces femmes en deviennent en quelque sorte universels, comme en témoignage d’une époque et d’une région de France.
Parfois, Nicolas Mathieu laisse son lecteur deviner le destin de ses héros, se faire sa propre opinion presque son propre roman.
Ainsi pour certains personnages, nous savons, d’autres sont en suspend, laissés là, libres dans la nature ou dans notre imagination.
A vous de plonger, d’autant que cette oeuvre vient de paraître en livre de poche. A ne pas manquer donc !
Aux animaux la guerre de Nicolas Mathieu, éditions Actes sud, actes noirs, mars 2014 (édition de poche, Babel noir, janvier 2016)
Un extrait à lire sur le site de l’éditeur ici.
Photo bandeau : Ariane Picoche