Quand on s’est pris comme moi dans la face la claque du premier album de Palace Brothers, There is no-one what will take care of you (21 ans déjà), forcément chaque nouvelle aventure musicale de Will Oldham est à la fois attendue avec crainte et impatience.
La première peur, c’est d’ailleurs de rater tous ces enregistrements, car pour emmerder l’auditeur, Bonnie Prince Billy est le roi : 3, 4 noms différents, même s’il semble dorénavant se tenir à Bonnie Prince Billy, multiples collaborations et rythme effréné. Il faut l’avouer, je fus parfois déçu, j’avoue, j’en ai même raté quelques uns mais le cru 2014 est un bon cru, très bon même. L’album s’appelle Singer’s grave a sea of tongues et comme Bonnie ne fait pas les choses comme tout le monde, il a retravaillé 9 chansons de son album de 2011 Wolfroy goes to town…vous suivez encore ?
En tout premier lieu, Bonnie Prince Billy chante magnifiquement bien, du volcanique So far and here we are au mélancolique It’s time to be clear, en passant par mon sommet de l’album Quail and dumplings et , sa voix est imparfaitement magnifique. Folk, blues, country, on est en terrain connu. Bonnie Prince Billy ne réinvente pas la musique mais uniquement ses chansons et l’apport de voix gospel (We are unhappy, autre sommet soutenu par d’épatants lyrics : Nothing is better. And nothing is best. We are unhappy. We are a mess ) ou d’un violon (New black rich (tusks), frissons garantis) réussissent à donner un nouvel éclat à ses histoires.
Bonnie Prince Billy chante son passé, sa famille (My father’s house is gone and all. The houses in his town have crumbled. I am a child, ten inches tall), son présent, son futur (it’s not who I was but who I’ll never be). Ses histoires d’amour finissent mal ou ne commencent même pas mais il arrive à sourire de toute cette tristesse, l’important c’est ses chansons rien que ses chansons. Je parlais d’un très bon album et après plusieurs écoutes, je corrige : magnifique album !