[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#4848a8″]I[/mks_dropcap]l sera toujours temps, à l’occasion de sa sortie le vendredi 9 mars 2018, de savoir si Toute Latitude, le nouvel album très attendu de Dominique A, relève d’un bon cru de l’artiste ou non. On laissera les fans décider si ce onzième long format se rapproche plus de la plénitude durement acquise d’Auguri, de la nervosité rugueuse de Remué, de la simplicité électronique de La Musique ou du murmure ascétique de La Fossette : après tout, au bout d’une carrière de plus d’un quart de siècle, exemplaire à plus d’un titre, qui l’aura vu gagner un public fidèle et attentif tout en maintenant une forte exigence éthique, le chanteur n’a plus rien à prouver, serait-on tenté de dire.
Mais il ne faudrait cependant pas oublier que si Dominique A lance un défi à qui que ce soit, c’est avant tout à lui-même. C’est pourquoi l’objet hybride qui est dévoilé aujourd’hui a de quoi éveiller notre curiosité au plus haut point. En effet, après avoir dévoilé en janvier dernier le beau clip d’animation du titre Toute Latitude, réalisé par Sébastien Laudenbach, auteur remarqué de La Jeune Fille Sans Mains, on s’aperçoit que cet arbre prometteur cachait une forêt luxuriante sous la forme d’une collaboration au long cours.
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Dominique A – Captures du film de Sebastien Laudenbach
Ainsi ce n’est pas un seul mais quatre extraits de ce nouvel album (Toute Latitude donc, mais aussi Aujourd’hui N’Existe Plus, Se Décentrer et Cycle) qui ont été illustrés par le réalisateur, se fondant l’un dans l’autre pour ne plus former qu’un seul bloc harmonieux de treize minutes, où les images et les sons se répondent entre eux dans un stupéfiant manège poétique, brassant tourments émotionnels, soucis écologiques et envolées rêveuses, tout en gardant l’espoir chevillé aux accords.
Il devient alors difficile d’imaginer quelle face de la médaille a été créée avant l’autre, tant musique et animation semblent indissociablement liées par une même douce mélancolie ouatée, aussi délicieusement hypnotique qu’amèrement réaliste. Entre guitares orageuses ou évanescentes et rythmiques enlevées ou oppressantes, le chant de Dominique A, toujours si typiquement aérien, semble transcendé par les illustrations oniriques et colorées de Sébastien Laudenbach.
Devant tant d’évidence symbiotique, qu’on sait pourtant trompeuse, et sans même avoir entendu l’ensemble de l’album lui-même, on en viendrait à souhaiter qu’il ait subi le même traitement dans son intégralité.
Frederic de Bonnechose