De l’importance de la culture et de l’art. De l’importance de la vie humaine aussi. Une Maternité Rouge de Christian Lax, chez Futuropolis, aborde le sujet sensible et tragique des migrants, via le destin d’un jeune Malien investi d’une mission hors-norme : mettre à l’abri des djihadistes une statuette du 14e siècle.
Un récit prenant au dessin accrocheur emprunt de réalisme.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]u fil des pages, la couleur sable des dunes se confond parfois avec celui des rues parisiennes.
Une unité de ton qui offre de passer allègrement d’un continent à un autre, de l’histoire d’Alou le malien à celle de Claude le français, qui travaille au musée du Louvre, et plus particulièrement au Pavillon des Sessions, où sont exposées quelques œuvres des sculpteurs dogons.
C’est dans cet espace de cinq mille mètres carrés, situé sous la cour du Carrousel, que des figures féminines taillées dans un bois très dur, ont trouvé place, entretenant la mémoire des origines et faisant l’admiration des visiteurs.
L’histoire commence en fait avec la découverte fortuite par Alou d’une Maternité rouge.
La statuette est alors présentée à un sage d’un village dogon, respecté de tous pour sa grande culture.
En voyant l’objet, son sang ne fait qu’un tour !
En effet, non seulement la pièce est en parfait état, mais elle présente une valeur testimoniale extraordinaire.
Rendez-vous compte : alors que les Islamistes font tout péter au nom d’une lutte contre les symboles autres que ceux créés par Allah lui-même, il importe plus que jamais de la mettre en lieu sûr.
Or selon le sage, seul le musée du Louvre peut offrir de telles garanties, quand bien même la sculpture serait loin de son berceau originel.
C’est ainsi qu’Alou a dû se mettre chemin, prenant parfois d’énormes risques, ne devant la vie qu’à un peu de chance, pas mal de courage et beaucoup d’abnégation.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]hristian Lax se donne le temps d’illustrer le parcours de ce migrant-combattant.
Certaines doubles pages, comme celles numérotées 104 et 105, font la part belle aux seuls dessins, reflets de l’expression d’un paysage tourmenté, de traits figés par la peur sur un bateau de passeurs…
La statuette, quant à elle, brille dans le décor de la BD.
Elle scintille de rouge à travers le sac précieusement porté par Alou.
Elle attend son heure de gloire et entend être étudiée par des mains expertes.
Claude le scientifique ne ménagera pas sa peine, le moment venu, pour lui faire passer un bilan médical exhaustif.
Non sans nous laisser dubitatifs de le voir se soucier, trop tardivement, du devenir d’Alou.
L’art est-il plus précieux qu’une vie humaine ?
Une Maternité rouge de Christian Lax
chez Futuropolis, paru le 16 janvier 2019