[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our les jeunes irlandais, l’heure est à la révolte. Island Records menace de ne plus soutenir U2 suite aux timides recettes du poussif October. Il leur faut donc rebondir dans un sursaut d’honneur, sous peine de voir une amorce pleine de promesses (Boy) retomber comme un soufflé. Le succès de concerts enchaînés avec brio mettra fin aux tergiversations.
Au printemps de l’an 1982, la bande à Bono reprend le chemin des studios dublinois de Windmill Lane, toujours épaulé pour les besoins de la cause par le producteur Steve Lillywhite.
Les nouvelles compositions se veulent plus politisées et la musique qui en découle prend le pli, aidée par un verbe qui, sans sommation, rentre dans le dur. Le titre choisi pour l’album n’est pas fortuit : War dont le prononcé lapidaire ramène la horde de fans à des significations lourdes de sens. Une bataille intérieure qui se reflète dans les luttes d’un monde perfide et belliqueux. Le quatuor va devenir le porte-voix d’une génération témoin des tensions nourrissant une sphère en plein cœur de la « guerre froide ».
Dix titres pour 42 minutes qui vont engendrer le véritable premier grand succès du groupe. Celui d’un rock qui ose l’ode pacifique balancée avec rage.
C’est bien évidemment Sunday Bloody Sunday qui en ressortira pour devenir l’hymne inusable, marque ô combien engagée venant pourfendre les bains de sang perpétrés à la fin des années 70 en Irlande du Nord ! Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr s’érigent alors en tête de proue des partisans de la paix. L’étendard blanc est levé et le carton commercial est cette fois-ci au rendez-vous.
Trente-cinq ans après sa sortie, les nostalgiques ne boudent toujours pas l’autre colossal tube New Year’s Day, morceau inspiré par la figure de Lech Wałęsa, leader opprimé du mouvement syndicaliste polonais Solidarność.
Au même titre, il sera impossible de laisser sur la touche les autres perles comme l’ultra épique Like A Song ou encore la mélodie sublime de Drowning Man avant de finir une énième fois en beauté avec le poignant « 40 » dans cette jonglerie entre l’Amour et une fatalité qu’il faut combattre avec vigueur.
Un monument du genre !