[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000080″]F[/mks_dropcap]ilm culte du maître de l’horreur John Carpenter ayant influencé de nombreuses œuvres ultérieures, New York 1997 est un condensé du cinéma de Big John. Reflet extrapolé des angoisses de son temps en épousant une structure proche du western, notamment dans le style de Howard Hawks, mais surtout en étant empreint d’une folie baroque et fauchée à la Roger Corman.
Dans un futur dystopique situé juste après la Troisième Guerre Mondiale, l’explosion de la criminalité dans la Grosse Pomme conduit les autorités à faire de l’île de Manhattan une prison à ciel ouvert, entourée de murs gigantesques et infranchissables à la fin des années 1980.
En 1997, Air Force One, l’avion présidentiel, est abattu lors d’un attentat et s’écrase dans cette prison urbaine. Son illustre occupant est indemne (Donald Pleasance) mais pris en otage par le leader des prisonniers, Isaac Hayes, qui espèrent négocier leur libération grâce à ce précieux otage. Le directeur du pénitencier, incarné par la vieille gloire du western Lee Van Cleef, mandate un ex-taulard et soldat, Snake Plissken, monument de charisme interprété par Kurt Russell, pour exfiltrer le président en 24h et être gracié en échange.
Le formidable postulat du scénario imaginé par John Carpenter puise évidemment dans le contexte actuel. Aux débuts des années 1980, la mégalopole est rongée par la criminalité, faisant de la ville une des plus dangereuses.
Cyniquement, le réalisateur d’Invasion Los Angeles imagine un gouvernement capable d’enfermer une communauté d’habitants socialement incurable, destinée de toute façon à sombrer dans la criminalité, qui préfère donc emprisonner plutôt que guérir. Cette vision très pessimiste du gouvernement américain découle du scandale de Watergate, véritable prise de conscience pour les Américains de la médiocrité de leurs dirigeants.
La découverte de New York, devenue une jungle apocalyptique où se mêlent junkies et cannibales en tout genre, par Snake, cow-boy solitaire et amoral, est un plaisir jubilatoire comme seules les généreuses productions de série B peuvent procurer.
Carpenter, bien aidé par une superbe photographie bleutée aux teintes crépusculaires de Dean Cundey, nous donne à voir une ville de New York, quintessence de la puissance américaine, comme une ruine hantée par des fantômes, tantôt déserte ou populeuse. Snake, archétype de l’anti-héros, déambule et s’enfonce dans les bas-fonds, rencontrant un chauffeur de taxi féru de jazz (Ernest Borgnine), dernier rempart de la civilisation, avant de combattre dans une arène de gladiateurs.
Les séquences d’action un peu dépassées aujourd’hui sont à oublier au profit de cette ambiance de désenchantement, symptomatique de son époque. A souligner également une partition sonore de très bonne facture composée, comme souvent, par le cinéaste. Une suite sortira en 1996, toujours avec Snake, Los Angeles 2013, moins mémorable, c’est cette fois-ci la cité des Anges qui est devenue un repaire pour tous les bannis de la société.
dans mon souvenir ça reste un grand film d’action comme on en faisait avant.