Retour en terre Clissonienne pour la suite de mon enquête et, je dois l’avouer, premières interrogations quant à la santé mentale des patients présents sur ce site. Et par là même occasion sur les véritables motivations de ma cheffe car jusque là, aucun sataniste en vue sur le site à moins que les playmobils ne soient considérés comme tels.
Toujours est-il que le premier colloque auquel j’assiste semble être en lien étroit avec la confédération des chirurgiens ORL. Mutilation, puisque c’est d’eux qu’il s’agit s’avère être une parfaite friandise pour revenir en douceur sur le site. Quoi de mieux en effet qu’une petite sucrerie d’une efficacité monumentale mais d’une violence rare, équivalant à un bon décrassage auditif avant d’aller à l’essentiel. Hein ? Quoi de mieux ? A part Mutilation ? Rien.
Après Mutilation, autant le dire, j’ai les ouïes grandes ouvertes pour accueillir le retour sur scène des mamys du rock, à savoir L7. Enfin… mamy est un terme bien péjoratif pour décrire ce retour. Quand on voit l’énergie déployée par le quatuor, on se dit que la ménopause n’est pas prête d’arriver pour elles. Malgré un son pas terrible voire par moment dégueulasse (le Mainstage a eu quelques problèmes au niveau son cette année. Problèmes qui culmineront le lendemain), elles compensent ces faiblesses techniques par une énergie et une vitalité vraiment communicatives grâce, notamment, à une section rythmique d’enfer (bassiste charismatique et excellente batteuse). En gros, elles se font plaisir et autant le dire, c’est d’une limpide réciprocité. Les tubes défilent, ça slamme juste à côté de votre serviteur et ça headbang un peu partout. Bref, du bon gros rock simple, direct mais absolument jouissif.
Je translate ensuite, sous le cagnard, parce qu’il fait presque une chaleur à crever, du Mainstage II au Mainstage I pour entrapercevoir Slash : je passe rapidement sur l’ex guitariste de Guns’n’Roses, n’ayant pas trop d’affinités avec son répertoire (en gros les tubes de Guns’N’Roses repris par le président Kennedy ou un truc de ce genre) et me fais une réflexion d’une profondeur abyssale : quand on voit son travail de sape sur certains on se dit que le temps est une bien belle salope.
Pendant que Slash fait le job, je slalome entre les festivaliers, en enjambe je ne sais plus combien, plus morts que vivants, évite une licorne pour enfin parvenir à Coffins : dire que j’attendais les Japonais est un doux euphémisme. Si le dernier album du groupe ne m’avait pas trop convaincu, Buried Death en revanche fait presque figure de classique en matière de Doom et Death. Qu’en est-il en live ? Bon, le décoffrage est brutal, les mecs, comme leur compatriote d’Envy, sont aussi enflés que des ablettes anorexiques et le chanteur, à peine 30 kgs à la pesée et 1m40 au garrot est doté d’un organe d’une puissance hallucinante. Mais si le groupe livre une bonne prestation, leur Doom/Death ne se démarque malheureusement pas trop des autres groupes vus depuis le début de ce Hellfest. Bref, petite déception me concernant.
Heureusement pour moi, la déception sera de courte durée. Je m’en retourne au plein air voir sur le Mainstage II, Killing Joke : ce ne sera pas The concert du jour mais pas loin. Jaz Coleman, alias Severus Rogue, tout de noir vêtu et chevelure de jais, en fait des caisses dans son rôle de fou halluciné, multipliant grimaces expressives et attitudes robotisées. Ce serait parfaitement ridicule et hors de propos si le bonhomme n’avait pas l’air de s’éclater comme un gamin abandonné dans une boutique de bonbons et communiquait son enthousiasme au public. Bon, ok, Killing Joke, c’est pas du métal. Ok, ça aurait pu en être s’ils avaient revisité le répertoire des années 2000 mais là ils ont juste assuré avec celui, bien fourni par ailleurs, des années 80/90 et les hymnes les plus connus (manquait à l’appel Love Like Blood). Bref, le concert en lui-même était juste excellent et le show également avec l’apport tout à fait pertinent d’un cracheur de feu sur Fire Dances (content d’apprendre au passage que Coleman n’ait jamais composé Pooh Pooh Dances).
Arrive maintenant ce qui restera mon plus gros regret des trois jours : celui d’avoir programmé Faith No More et Mayhem en même temps. Comme tout, il faut choisir. Je voulais voir Mayhem et n’ai donc pu voir qu’un petit quart d’heure de Faith No more. Mais le peu que j’ai pu en voir me fait dire que sur la longueur ça devait juste être excellentissime. Le combo arrive tout de blanc vêtu sur un parterre de fleurs et entame le set au quart de tour. Malheureusement, je n’assisterai qu’à trois morceaux avant de migrer vers Mayhem. C’est d’autant plus déchirant que les compte-rendus entendus ici et là me font amèrement regretter ce choix cornélien imposé par les programmateurs. Donc, direction les légendaires Mayhem. Un pote m’a prévenu : tu verras, Attila Csihar, c’est le roi du déguisement. Tu ne sais jamais comment il va venir au concert. Un jour ce sera en Père-Nöel, le jour suivant en proxénète. Là, pour le Hellfest, Attila arrive habillé en prêtre sataniste (une grosse croix renversée orne son torse et d’autres, plus petites, sa veste) et maquillé façon Joker en mode Zombie. Autrement, lui et ses potes délivrent un show chaud bouillant d’une petite cinquantaine de minutes d’une rare sobriété (comprendre bien trash). Et pour le reste, du moins musicalement parlant, comme le faisait si justement remarquer Audiard : c’est du brutal.
Maxime qu’on aurait également pu utiliser pour le concert suivant, celui d’Obituary : le combo déroule un set tendu et massif me faisant presque dire que s’ils ont pu parvenir à un tel degré de violence c’est parce qu’ils ont du recruter Guillermo Del Toro à la basse. Néanmoins, le concert est vraiment excellent et le public leur fait un triomphe.
Bon allez, faut l’avouer, arrivé la fin de cette seconde journée, je commence tout de même à émettre quelques doutes sur le bien-être de certains patients ainsi que celui des médecins présents (celui de Mayhem notamment me laisse à penser que ma cheffe n’a peut-être pas complètement tort quand elle évoque des satanistes présents sur ce site). Néanmoins, c’est dans une atmosphère bon enfant que se termine cette seconde journée avec un feu d’artifice d’une grande splendeur me faisant dire que non, décidément, il ne peut y avoir de satanistes présents en ces lieux. Peut-être des psychopathes ou des adeptes des pratiques SM mais rien de bien grave jusque-là. Néanmoins je reste attentif et rejoins ma cheffe dans la tenue qu’elle m’a supplié de mettre pour venir la voir. Faudra juste que je lui dise d’arrêter de m’appeler « la crampe ». Ça en devient agaçant.