Débarquée en 2012 sur nos platines telle une extra-terrestre perdue sur notre planète, l’autrice compositrice interprète Jessica Pratt ne cesse depuis lors de nous fasciner et de conserver un aura mystérieux qu’Here In the Pitch, son nouvel album ne sera pas à même de lever.
Le mystère et la fascination au contraire auront même tendance à s’intensifier tant ses 9 nouvelles chansons donnent le sentiment de nous faire voyager dans l’espace et le temps, à la rencontre de Burt Bacharach et de Scott Walker, influences manifestes de ce nouvel album, tout en gardant cette originalité qui lui est propre, sa voix bien sûr si particulière mais aussi cette atmosphère entre ombres et lumières, déjà si marquante sur ses œuvres précédentes, à commencer par Quiet Signs, son génial album précédent, datant déjà de 2019 ou le tout aussi magnifique On Your Own Love Again.
La guitare associée à sa voix reste la base de sa composition mais sur Here In The Pitch, elle voulait porter son regard plus loin, vers l’océan et le soleil californien, introduisant de nouveaux instruments, à la recherche d’un son plus panoramique sans perdre ses qualités premières de douceur et de délicatesse.
C’est ainsi que Here In the Pitch, son quatrième album, a été enregistré comme précédemment au Gary’s Electric Studio à Brooklyn avec ses collaborateurs habituels, Al Carlson ou Matt McDermott, tout en accueillant de nouveaux partenaires de jeu, dont le fabuleux guitariste Ryley Walker, mais également le bassiste Spencer Zahn ou le percussionniste Mauro Refosco.
Le magique Life Is lance magnifiquement Here In the Pitch, percussions, réverbérations et voix cristalline, tout y est pour en faire d’entrée un des plus beaux morceaux de Jessica Pratt, donnant l’impression de croiser Judee Sill du côté de Beach Boys ou de Phil Spector . Un petit air de bossa vient illuminer Better Hate, on reste bouche bée devant sa voix, enfantine et majestueuse, qui fera également des prouesses sur World On A String, car très mise en avant par une production parfaite, la guitare pour seule partenaire, avant que batteries et cordes viennent se mêler à cette symphonie de poche.
Get Your Head ou By Hook Or Crook semblent tout droit sorti d’un obscur chef d’œuvre pop californienne des 60’s/70’s, le soleil brille dans nos oreilles et dans nos cœurs, tout en s’accompagnant d’une belle mélancolie. Nowhere It Was nous fait passer du ravissement au recueillement, dans une ambiance à la Mazzy Star, avant que la sublime ballade au piano Empires Never Now ne viennent nous terrasser devant tant de beauté.
L’apport d’instruments comme le mellotron, la trompette, le Glockenspiel est bien plus qu’un simple artifice, Jessica Pratt les fait siens, rendant majestueuses ses douces mélodies intimistes comme Glances ou le fabuleux The Last Year, en conclusion de ce trop court Here In The Pitch, qui s’inscrit parfaitement dans une aussi parfaite discographie tout en lui donnant une nouvelle direction.
Grand disque, fabuleuse artiste, la vie est plus belle quand on écoute le Here In The Pitch de Jessica Pratt !
Jessica Pratt · Here In The Ptitch