[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J'[/mks_dropcap]ai beau m’accrocher à mon Mark Kozelek comme un mollusque à son rocher, l’animal va bien parvenir à me perdre à force de sortir des disques à un rythme qui dépasse l’entendement, et cela serait bien dommage car le bonhomme a encore de beaux restes comme le prouve son nouvel album en compagnie de Jim White et Ben Boye.
Vous me permettrez d’en oublier un ou deux au passage mais la production de notre sémillant quinquagénaire est tout à fait hallucinante, aussi bien quantitativement que qualitativement, quoiqu’en disent les mauvaises langues.
Nous nous étions penchés, contre vents et marées, sur le phénoménal Common As Light And Love Are Red Valleys of Blood, mais Sun Kil Moon nous a gratifié également d’une nouvelle collaboration avec Jesu intitulée 30 Seconds To The Decline Of Planet Earth.
Quant à Mark Kozelek lui même, nous avons déjà eu droit fin juin à Yellow Kitchen, un projet commun avec Sean Yeaton de Parquet Courts ainsi que l’excellent EP Night Talks.
Nous arrive donc Mark Kozelek With Ben Boye And Jim White, soit 10 nouvelles chansons et 90 minutes de musique, comme quoi Mark pense toujours au fan de sa musique et de football… on se moque mais c’est vrai qu’on aimerait bien que le héros de notre jeunesse allège un peu ses disques de quelques morceaux un poil épuisants comme l’inutile February sur ce disque.
Les fans de la première heure, soit il y a 25 ans, ont peut-être laissés tomber l’affaire, n’espérant plus le retour des Katy Song ou Summer Dress, il auront tort car ce nouvel album est excellent, peut-être bien son meilleur de l’année, grâce à l’appui remarquable de ses 2 compères Ben Boye et Jim White.
[mks_button size= »medium » title= »En écoute ici » style= »squared » url= »http://www.sunkilmoon.com/housecat/ » target= »_blank » bg_color= »#000000″ txt_color= »#FFFFFF » icon= »fa-music » icon_type= »fa » nofollow= »0″]
A tout seigneur, tout honneur, on commencera les présentations par l’immense Jim White, extraordinaire batteur australien qui a joué avec tout le monde ou presque, Dirty Three bien entendu mais également Nina Nastasia, Crime & The City Solution, Cat Power, PJ Harvey et bien d’autres encore.
Ben Boye, né à Chicago, quant à lui, participe aux improvisations minimalistes de Natural Information Society avec Joshua Abrams ou joue du piano au sein de Health&Beauty ou bien encore s’amuse à reprendre les Mekons avec Will Oldham et Angel Olsen au sein des Chivalrous Amoekons.
Mark Kozelek porte toujours le même regard acéré sur sa vie et le monde qui l’entoure, longs morceaux où sa colère et sa mélancolie teintée d’espoir se dévoilent à travers le regard d’un chat (il faut l’entendre chanter ses miam miam miam sur House Cat !) ou la vision onirique d’un Elliott Smith toujours en vie sur le superbe The Black Butterfly. Dîner de famille, cochon en peluche, tout y passe ou presque, dans la continuité de sa discographie à la suite de l’immense Benji.
La où l’album fait la différence, c’est que Mark Kozelek s’intègre parfaitement dans l’ensemble porté par ses 2 compères et, à l’inverse de ses collaborations avec Jesu, ne se limite pas à juste coller ses textes sur un collaborateur faire-valoir. Il faut dire que Ben Boye et Jim White sont au diapason et portent quelques morceaux à bout de bras, le magnifique Topo Gigio, qui fait dire à Mark Kozelek Let The Music Be, et sur lequel leur délicatesse se fait maestria.
L’album contient d’autres superbes chansons, Los Margaritos ou le fascinant Blood Test en tête. Mark Kozelek reste un artiste remarquable, Jim White et Ben Boye contribuent à nous le rappeler sur ce fascinant disque, où spoken word, folk et jazz se bousculent avec brio.
Mark Kozelek With Ben Boye And Jim White est disponible depuis le 06 octobre chez Caldo Verde Records.