Matthew E White ne s’arrête jamais. Avant le succès de son premier album en 2012, il avait déjà (entre autres) co-fondé The Great White Jenkins, avait été arrangeur et guitariste de jazz, participé à la création de Patchwork collective pour la promotion de la scène musicale de Richmond en Virginie (sa ville), et fondé son propre label, Spacebomb Records.
Et puis vint Big Inner, un premier album chaleureux au charme fou, à la croisée de la soul, du gospel et de la pop, et une reconnaissance internationale à laquelle il ne s’attendait sans doute pas.
Porté par ce succès, et après presque deux ans de tournée, il sort Fresh Blood, son deuxième album, en 2015.
Il aura fallu six ans pour que Matthew E. White, auteur-compositeur-interprète-producteur (rien que ça !) revienne avec un 3ème album, K Bay.
6 années bien occupées par la production de disques (Natalie Prass), un album de reprises avec Flo Morrissey, l’écriture de chansons, la construction de son propre studio à Richmond (K Bay, tiens donc…) et un bébé ! Sans parler de la crise sanitaire qui est passée par là.
Et c’est en se nourrissant de toutes ces expériences et de ces rencontres, en se plongeant encore plus loin dans ses réflexions et ses sentiments, qu’il a longuement cherché, testé, expérimenté, pour nous offrir avec K Bay, un époustouflant mélange de soul, de funk, de pop années 80, voire de disco.
Matthew E. White s’amuse, parle toujours d’amour, mais aussi de sujets plus sérieux (avec par exemple Only in America/When the curtains of the night are peeled back qui évoque les bavures policières commises contre la communauté afro américaine)
Enregistré en deux fois, en laissant les musiciens improviser dans un second temps, K Bay est un album riche, chamarré et jouissif, un travail de groupe porté par un artiste touche à tout et brillant, qui n’a de cesse d’avancer pour partager sa musique.
C’est à distance, depuis Richmond où il vit et travaille, que nous avons eu la chance d’échanger avec Matthew E White. Une rencontre passionnante et joyeuse, à son image.
INTERVIEW
Claire : Je vais poser les questions mais en fait elles viennent de toutes les deux, ça te fait quelle impression, tous ces interview zoom ?
Matthew E. White : On s’y fait, ce n’est pas l’idéal, j’aime bien être avec les gens, en personne, mais ça va
Ben salut, nous c’est Claire et Claire aussi
(Rires) ah oui, deux françaises, on s’en doutait…
Bon, on y va, avant de faire ta propre musique, tu as été l’arrangeur d’une tonne de musiciens, quelle expérience t’a le plus marqué ?
Bonne question, j’ai fait un concert avec Justin Vernon et Sharon Von Etten, ça c’était vraiment hors du commun, une bande de personnes vraiment uniques, un moment vraiment à part, pas de batailles d’égo, juste de la musique, pure, et ça, c’est rare en fin de compte, et le rendu était vraiment bien.
Aussi les Mountain Goats, John et tout son truc avec les collaborations, on peut faire ce qu’on veut, et une fois de plus, quand on arrange, même quand on produit, la plupart du temps, on fournit un service pour quelqu’un d’autre, alors on est assujetti à ce que veut un artiste, et c’est dans l’ordre des choses, mais avec John, il ne me disait pas comment ça devait se passer, il me donnait les chansons et me disait que je pouvais littéralement en faire ce que je voulais, ça, c’était cool !
Je ne te demanderai pas qui étaient les pires…
(Rires) de toute façon je ne m’en souviens pas !
J’ai lu ensuite que tu as été membre d’un groupe de jazz et il me semble, au Royaume-Uni il y a toute une nouvelle scène de jazz et ce genre, qu’on aurait pu imaginer moribond il y a quelques décennies, se retrouve en pleine forme…
Oui, je crois que le jazz monte et descend, par phases, et moi, enfin je suis allé à l’école dans une communauté fondée sur le jazz, et toute mon éducation est basée là-dessus, ce qui a donné naissance à ma carrière professionnelle. Tout ça vient du monde du jazz et tu sais, cette musique est pleine de vie, elle ne disparaitra pas de sitôt. Ses racines sont vivantes, si uniques, rien n’y ressemble. Je pense qu’il y a du reflux, du ressac, mais ça, c’est lié à la mode, et c’est une musique difficile par définition, ça fait partie de son ADN. Alors ce n’est pas évident que cette musique reste longtemps sous les feux de la rampe de la culture, mais le jazz a tendance à rebondir et j’espère qu’il va continuer à le faire car ses racines se déploient potentiellement à l’infini.
Il me semble que le jazz s’alimente de nouvelles influences, alors qu’un certain type de rock à guitares semble un peu au point mort, comme s’il n’arrivait pas à surmonter le dos-d’âne de la nostalgie pour progresser…
Pour moi, beaucoup de cet esprit de régénération vient de ses racines dans la « Great black musique » et l’expérience afro-américaine. L’esprit de création au sein de cette communauté ne cesse de se propulser vers l’avant, et je pense que ça a définitivement marqué l’histoire de la musique populaire aux Etats-Unis. On passe du jazz, du gospel, du blues, à la soul au RnB, au hip-hop et tout ça s’inscrit sur le même axe et ne cesse de progresser, et la musique dont tu parles, l’indie rock à guitares, bon, je ne veux pas caricaturer, mais ça ne fait pas partie de cette créativité agressive, ce moteur qui avance sans répit, au sein de la culture afro-américaine, du moins celle dont je suis familier, et je crois que cette scène jazz à Londres s’inscrit là-dedans.
Oui, c’est vrai que les membres des groupes ont souvent des origines très diverses…
Et je crois qu’il y a plein de, enfin je ne suis ni musicologue, ni sociologue, mais en regardant les groupes, il y a plein d’espérance, de renouveau et de puissance dans la culture et les voix des noirs, ce qui n’existe pas dans la culture des blancs…
En parlant de ça, j’ai détecté des influences de Parliament et Funkadelic dans ton disque, c’est vrai ou je me fourre le doigt dans l’œil ?
Oui, j’ai grandi avec leur musique et je reste un fan. Après il n’y a pas de titre en particulier où j’ai décidé de référencer leur musique, mais c’est sûr que ça a pu l’impacter !
Et il y a un autre groupe auquel ta musique me fait penser, un groupe écossais plus obscur, The Beta Band…
Ah, ils sont écossais ?
Oui, j’aime bien, enfin le peu que j’ai entendu, on a évidemment des influences un peu similaires, après je ne connais pas si bien que ça.
Ils jouent comme toi sur la structure des morceaux…en parlant de structure, il y a ce son ambiant sur la plupart des titres, comment dire, un magma sous la musique
Euh, je ne sais pas comment répondre, bien sûr, je suis très intéressé par l’orchestration et les niveaux de lecture, rien ne se passe au hasard, mais selon la chanson, je peux utiliser ces sons dans un but différent. Il faudrait savoir de quelle chanson tu parles ?
Ben ma préférée c’est « Feel Like an Ax », mais ce n’était pas celle-là, tu peux m’en parler un peu plus ?
Elle possède une production très ambitieuse, c’est sûrement la pièce maîtresse en matière d’ambition, et de portée en tant que producteur. Il s’est passé plein de choses, même conceptuelles. Je l’ai écrit à la base, car il y a cette progression d’accords. Bon, je vais faire mon geek, mais c’est effectivement la raison ! Il y a cette progression qu’on remarque souvent dans le jazz mais jamais dans la pop. J’en parlais avec un ami, en disant « c’est bizarre, il n’y a pas de tubes avec 2-5-1 en mineur dedans, on n’entend jamais ça ! », alors j’ai fini par écrire cette chanson, qui a une structure d’accords vraiment influencée par le jazz, un peu multi-tonale, avec une impression de flottement, sans progression traditionnelle ou harmonique. Je ne me souviens pas trop de comment j’ai trouvé les paroles. Bien sûr, ça parle d’une histoire de couple, quand on se rend compte à quel point les choses peuvent être difficiles, l’engagement. Toute la partie du milieu vient d’une autre prise. J’ai enregistré tous les titres deux fois et cette partie du milieu vient d’une prise complètement différente, les cordes sont très audacieuses, et il y a plein d’expérimentations, des collages de bande, du doublage. Et la fin de ce morceau, je crois que c’est ma partie préférée du disque ! Je pourrais l’écouter en boucle, je l’adore ! En tant que producteur, j’en suis vraiment fier. D’avoir su maîtriser ce qui, d’un point de vue de producteur, était vraiment compliqué : faire en sorte que tout se fonde ensemble. La première partie est fait d’un collage de bandes de cordes, puis vient le premier couplet, puis le refrain, puis un autre collage, puis ce truc au piano…Enchaîner tout ça avec 20 secondes sans batterie, sans rythme, en plein milieu du titre, je ne crois pas qu’on soit nombreux à l’avoir fait ! Alors je suis content que celle-ci vous plaise. J’ai eu une réaction marrante de la part du label, je leur ai tout envoyé et ils ont répondu qu’ils aimaient une chanson, puis une autre, puis qu’ils aimaient des parties de Feel Like an Axe, ce qui veut dire que d’autres parties ne passaient pas…
Et tu as envisagé de les couper ?
Ah non !
C’est drôle que tu parles de cette dernière partie du titre, j’écoute beaucoup d’électro et en l’écoutant, je me suis dit qu’elle avait besoin d’être remixée et les boucles étalées sur un titre en entier, ça t’intéresserait ?
Oui, c’est sûr que ça me dirait, cette fin attend que quelqu’un la triture, c’est sûr !
Et qui pourrait le remixer ?
Euh, j’aime beaucoup les sons électro, mais ceux qui s’éloignent du club, si je puis dire. Il y a ce producteur de L.A qui s’appelle Knowledge, et un autre, Madlib, j’aime bien ces gars venus du hip-hop.
Oui, Madlib je connais, mais pas l’autre
Il est incroyable. L’autre est moins connu mais tout aussi génial ! J’aimerais bien qu’ils laissent leur marque sur le disque, en fait, j’aimerais vraiment un remix de Let’s Ball mais je ne sais pas qui devrait le faire. Si t’as des idées !
Quelqu’un de plus dancefloor pour le coup ?
Oui, il me faudrait un remix club pour ça mais je ne sais pas trop…
En fait ici en France on est assez fort en disco-house…
Ah oui, Justice, ils sont français, non ?
Oui, enfin, je ne sais pas s’ils lisent notre webzine mais on ne sait jamais…
(Rires) Ils doivent rechercher leurs propres noms sur google de temps en temps
Depuis le début, tes chansons sont assez longues, t’as déjà eu envie de faire un tube de deux minutes ?
Elles ne sont pas si longues si on retire les intros et les passages de fin. Presque toutes les chansons, à part Genuine Hesitation qui est vraiment longue, du point de vue structurel, si je le voulais, je pourrais les remanier pour qu’elles fassent trois minutes et trente secondes, même trois, pour les singles. Les titres comme Feel like an axe et Only in America sont d’une autre nature, mais Electric, Nested ou Let’s Ball, ces titres qui pourraient devenir des singles, sont construits pour être reformatés si j’en ai besoin pour la radio ou des singles. En fait, la plupart de mes chansons sont des tubes de 3 minutes que j’étire, ou j’en étire des parties, ce disque est rempli d’intros et de fins de titres très ambitieux. J’adore la musique instrumentale, et ça fait partie de ce qu’est le disque, pas que des chansons, même si j’essaie de jouer le jeu avec certaines d’entre-elles en matière de taille, si tu veux passer après le dernier refrain, tu peux ! (Rires) Only in America et Genuine Hesitation sont longs exprès aussi, vraiment exprès, comme A Hard Rain’s gonna fall, des chansons comme ça, et j’adore sa longueur…
J’ai aussi lu que tu as joué au Syndey Opera House, c’était comment ?
Incroyable ! J’y ai joué deux fois en une journée, la première avec Justin Vernon et Sharon Van Eteen, un dimanche après-midi, dans la plus grande salle. Et le samedi soir, j’avais joué dans une autre salle en solo. Les deux n’étaient pas liés entre eux ce qui était dingue. J’adore jouer en Australie, et c’est sûr que visuellement, c’est un des bâtiments les plus iconiques du monde. Je me suis bien marré, mais c’était pendant la tournée de Beg Inner, et je n’arrêtais pas. Alors beaucoup de ces expériences, bien que très mémorables, se fondent de façon unique, « avion-concert-avion-avion-concert… » Si j’avais la chance de le refaire, j’en profiterais peut-être plus, mais je n’en suis pas peu fier ! On ne peut pas jouer dans un plus grand endroit, alors…
C’est une histoire à raconter à ses enfants ou à ses neveux et nièces !
Exactement !
Et t’as joué en France, c’était comment ?
J’y ai joué un paquet de fois. La dernière tournée de 2017 s’est même terminée en France, à Paris, et c’est un des meilleurs concerts que j’ai donnés.
Et si Dieu ou le covid ou je ne sais quoi nous le permet, tu voudrais y revenir avec ce disque ?
Oui, mais c’est tellement dur ! Ce n’est pas tellement à cause des restrictions, même si elles sont difficiles, c’est plus si quelqu’un tombe malade là-bas. Ce n’est pas que la maladie qui m’inquiète, c’est aussi parce que je serai obligé de payer pour que l’équipe s’enferme dans une chambre d’hôtel pendant deux semaines. Il me faudra six chambres séparées. Si quelqu’un attrape la covid, ça se transforme en catastrophe financière
Et toute la tournée tombe à l’eau…
Oui totalement. Alors c’est un détail, on s’en fout sûrement, mais du point de vue des assurances, plus personne ne veut assurer une tournée. Avant on le faisait, à présent, aucune chance.
Ah non, ça m’intéresse, je ne suis pas musicienne alors je ne me rends pas compte de toutes ces ramifications !
Oui, si quelqu’un a le covid, on sera tous obligés de se confiner séparément, pendant au moins deux semaines. Il faut assurer le gîte et le couvert pour tout le monde, quelque part…on ne sait pas trop où…
Ça explique pourquoi on a si peu de concerts de groupes qui ne sont pas parisiens.
Oui, c’est difficile de faire marcher tout ça
Si jamais tu viens ici, on l’espère, j’ai lu que chaque titre a été enregistré deux fois. Serait-ce l’occasion de nous faire écouter les pistes enregistrées qui ne figurent pas sur le disque ?
Oui, j’aimerais laisser plus de place à l’impro pendant les concerts. C’est plus ouvert que sur le disque, même si celui-ci l’est considérablement. Il se transposera plus facilement sur scène. Les autres étant plus écrits à la base, il a fallu vraiment remanier les chansons. Je crois que ce sera plus facile avec celui-ci, et à partir de ça, on verra ce qui fonctionne, ce qui fonctionne avec le groupe, en fonction du nombre de musiciens qu’on pourra rassembler, j’ai hâte de m’y mettre.
Bon, on retourne en studio, ton album c’est aussi le nom de ton home studio et il est très éclectique, penses-tu que ce disque est un reflet de ton studio, un endroit dédié aux différentes musiques et à l’expérimentation sonore ?
Oui c’est sûr ! Le studio est une métaphore de la sphère privée, et d’un cordon que j’ai dressé pour me consacrer à moi-même, pour expérimenter de beaucoup de manières différentes, et je crois que ça se ressent sur le disque. Le disque en entier exprime que je me consacre corps et âme à ma vie, et K-bay est un espace qui m’appartient. Ce concept de propriété est important pour le disque. On y étale tout, on s’y consacre à fond, quelle que soit cette chose, quelles que soient les influences. Tout ce que je mets sur la table, tout ce qui m’est unique, la musique est comme un catéchisme pour moi.
C’est ton troisième disque solo mais tu as mis six ans à l’enregistrer, tu as eu plein de projets entre, mais as-tu fait exprès de laisser autant de temps ?
Il faut nuancer tout ça car le disque était supposé sortir en 2019. Un tiers du temps de retard est dû à la covid, je crois que ça aurait pris quatre ans sinon. Mais cela dit, oui, je voulais prendre mon temps. J’ai dû enregistrer Big Inner en sept jours, et Fresh Blood en quelques mois. Alors c’est vrai que cette fois j’ai pris mon temps, par choix, avec autant de patience que possible. Enfin je faisais des pauses pour travailler sur autre chose. Je ne prenais pas de vacances entre les enregistrements, j’avais plein de boulot par ailleurs, mais je souhaitais vraiment maximiser le temps que j’y consacrais. Car si tu écris tout sans collaborateur, ça dure plus longtemps. Et puis je fais toute la production, tous les arrangements, toute l’orchestration…Il faut se donner le temps, si on veut autant de casquettes, on n’a pas le choix. Je n’ai pas été si lent que ça ! Je faisais juste le travail qui devait être fait.
Let’s Ball a un clip parodique avec ces danseurs habillés comme toi, et toi, dans la position d’un réalisateur tyrannique. Où as-tu trouvé l’idée de ce clip, et serais-tu intéressé par la réalisation de films ?
Ah, je ne sais pas, c’est juste une idée chelou que j’ai eue. Je ne suis pas à même de réaliser des films. Je le ferais sur invitation, mais je ne suis pas qualifié pour le faire. J’ai toujours détesté faire des clips. C’est un passage obligé, avec tout ce qui y est associé. Le label donne un paquet d’argent à quelqu’un qui vient réaliser un machin pour combler des lacunes, mais ça n’a jamais complété ce que je fais, je n’ai jamais ressenti d’enthousiasme pour les clips, c’est un produit, c’est tout, ça m’a toujours ennuyé de les faire. Alors cette fois j’ai décidé de le faire moi-même, et j’ai contacté ce type en ville, Wes Parker, un jeune réalisateur. C’est son grand frère, Alan, qui joue de la guitare sur le disque, on reste en famille. On a bossé ensemble sur tous les clips, et je lui ai proposé cette idée que je trouvais rigolote. Parce que tout ce business est si auto-indulgent, si absurde des fois ! Je voulais m’en moquer. Donc je revêts les habits d’un chef dictatorial. En tout cas on s’est bien amusés et j’en suis fier, c’est la première fois que je suis content de partager un de mes clips, ça fonctionne bien !
En le regardant, on se dit que vous avez du bien vous marrer ! Enfin, la question la plus débile, j’aime bien la garder pour la fin, avec le confinement, on est tous devenus un peu hirsutes et surtout les hommes se laissent pousser les cheveux, la barbe, la moustache…tu envisages de tout raser pour faire un contre-point ?
Non (rires) en fait, le réalisateur a voulu que je rase tout pour le clip et j’ai refusé. Alors mes cheveux sont effectivement un peu plus courts mais non, je ne le ferai pas, je resterai le même !
Matthew E. White – K Bay
Domino – 10 septembre 2021
Image bandeau : Matthew E. White par Cameron Lewis