[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]O[/mks_dropcap]n le connaissait pour les journalistes (prix le plus prestigieux à ce jour), la littérature (on retient surtout le Nobel dans cette catégorie), la fiction mais la musique, à part les Grammy Awards ou, encore plus prestigieux, les Victoires de la Musique (hum…), c’est bien la première fois qu’on en entend parler.
Pourtant, le prix Pulitzer a su récompenser depuis 1943 bon nombre de musiciens exceptionnels (on citera au hasard Steve Reich en 2009, Ornette Coleman en 2007) mais toujours dans des catégories spécifiques (jazz et classique pour résumer avec une petite incartade côté folk en 2008 pour Bob Dylan ou encore en 2010 pour Hank Williams pour le prix de la citation spéciale).
Cette année, le jury a pris tout le monde de court en récompensant Kendrick Lamar pour son cinquième album DAMN. Outre le fait que celui-ci ne soit pas son meilleur (To Pimp A Butterfly peut aisément concourir à ce titre), ce Pulitzer récompense surtout la discographie exemplaire et le parcours d’un gosse noir, venu de la rue, des quartier défavorisés, qui a su influer son destin grâce à son intelligence, son humilité, la puissance des mots et de la musique.
Prix d’une logique implacable donc, qui récompense l’élévation spirituelle (comme Coltrane en son temps) et sociale grâce à l’art et permet à un style, le hip-hop, d’acquérir enfin une crédibilité (musicale, textuelle, politique) que beaucoup lui refusaient jusque-là.
Cette récompense, c’est également un prix hautement politique, d’une audace rare, dans une Amérique toujours gangrenée par la violence et le racisme, qui envoie un message clair à l’administration Américaine : que la réflexion, l’art, le maniement des mots, peut amener un être voire une société à se sublimer en œuvrant pour l’apaisement.
Une juste récompense pour un artiste d’exception en somme.