La couverture s’affiche en rouge sang sur fond blanc. Couleur incendie. Se fondant quasiment dans le décor, un visage se dessine. Celui de Jules Bonnot, sourire narquois et clope au bec. Bandit et meurtrier, lui et ses copains vont sévir dans les années 1900. Éditée chez Glénat, « La bande à Bonnot » raconte et romance leur folle épopée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#d4252d »]L[/mks_dropcap]yon, usine Rochet-Schneider. Les ouvriers triment sous les ordres d’un patronat pour qui seule compte la cadence de production de superbes automobiles. Peu importe si une main reste coincée dans une presse. Vite, il faut reprendre le travail, payé une misère.
Tandis que les syndicats osent revendiquer une amélioration de leurs conditions de vie, la Police ne pense qu’à faire taire les leaders et faire respecter l’ordre.
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À cette époque apparaît Jules Bonnot, dont la légende va naviguer entre les velléités d’un noyau d’anarchistes regroupés autour du dénommé Dubois et les mécontentements grandissants de la classe ouvrière. Quitté par sa femme après avoir perdu ses deux enfants, faute d’argent et de soins, l’homme décide de prendre son destin en main.
Aidé de quelques compères, Jules va multiplier les vols et autres extorsions de fonds. Petit à petit, il laissera aussi quelques cadavres en chemin. Dans l’histoire du crime, ce sera le premier à braquer une banque en organisant sa fuite en voiture. Quand la technologie sert l’argent facile, pourquoi se priver se convainc Bonnot ! Une ligne de fuite qui préfigure l’horreur de la guerre à suivre, le « progrès » ayant été mobilisé au service de la mort de l’ennemi.
Virevoltante, la bande dessinée signée Laura Pierce, Jean-David Morvan (auteur d’une intéressante préface) et Stefan Vogel au scénario, est illustrée par le trait semi-réaliste d’Attila Futaki. Quand à la mise en couleur, très réussie quand elle pointe la noirceur des manifestations tragiquement réprimées ou la beauté éclairée d’une nuit d’amour, nous la devons à Grégory Guilhaumond.
N’hésitez pas à plonger dans les 140 pages de l’ouvrage. Dense, témoignant de la vie de la Belle Époque – scindée entre les beaux quartiers et les faubourgs parisiens – et mettant l’accent sur des personnages marquants comme le terrible et lâche commissaire Guichard, il éclaire sans l’excuser le parcours de Jules Bonnot, cet ennemi public dont la dangerosité, la détermination et la noirceur puisent aussi leurs racines dans une histoire dure au parfum de vengeance.