Fans de faune et amateurs de romans graphiques : La Bête est une bande-dessinée faite pour vous. Né de l’imagination de Franquin, le Marsupilami revit, dans la Belgique du milieu des années 50, sous la plume scénaristique de Zidrou et le dessin inspiré de Franck Pé.
La créature mythique d’André Franquin n’avait sans doute pas suffisamment partagé de ses aventures dans la trentaine de titres dont il a déjà été le héros. Voici donc cet animal fantastique jaune et à pois noirs – qui ressemble à un singe disent les uns ou à un jaguar affirment les autres – de retour dans une histoire superbement mise en scène et l’où ne s’ennuie pas une seule seconde.
Équipé d’une queue longue de plusieurs mètres, le Marsu ne passe pas inaperçu. Doué de sentiment, il peut aussi faire preuve d’une grande sauvagerie. Parmi les autres caractéristiques de cet animal hors-norme : c’est un goinfre qui aime particulièrement les moules à la cassonade préparées par la mère de François, le jeune écolier qui va recueillir « Lange Staart » (« longue queue » en bruxellois).
En, effet, échappée d’un cargo dans le port d’Anvers, après avoir été fait prisonnier par des chasseurs, la bête va trouver refuge dans les bras d’un garçon qui possède un sens extraordinaire de l’hospitalité (tome 1).
Un dindon qui se prend pour un coq, un cheval aussi famélique qu’alcoolique, un couple de ragondins amoureux qui squatte la baignoire pour ses multiples ébats : voici une petite partie de l’arche de Noë dont François s’occupe tant bien que mal. Alors le jour où il ramène à la maison un marcassin qu’il prénomme Marquis, puis un incroyable Lange Staart puant comme une charogne, la ménagerie commence à s’agrandir sérieusement, au point de mettre le quartier en émoi et de mobiliser la fourrière…
Mais attention, bien que victime de la méchanceté des autres écoliers, qui lui en veulent d’avoir un père allemand – reparti depuis vivre sa vie dans son pays – le jeune François n’a pas dit son dernier mot.
La suite se découvre dans le tome 2, plus volumineux encore que le premier opus puisqu’il compte une cinquantaine de pages supplémentaires. L’occasion de faire plus ample connaissance avec un lieutenant droit dans ses bottes mais avenant, un pseudo scientifique en mal de notoriété et le savoureux et non moins affable Monsieur Boniface, secrètement amoureux de la mère de François.
Les dialogues sont enlevés et l’histoire réserve bien des rebondissements. Les situations vécues par les différents personnages se révèlent parfois dramatiques mais elles alternent avec des moments franchement drôles.
Quant au dessin, c’est vraiment de la belle ouvrage, imprimée sur un très beau papier épais, qui prend place parfois sur de pleines pages, rendant la lecture agréable et spectaculaire. Assurément, La Bête fait mouche !