[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#45b237″]I[/mks_dropcap]l ne faut pas se tromper. La gestion des espaces communs n’est pas un livre de sociologie ou un dossier administratif d’une mairie de grande ville. L’œuvre de Dominique Quélen est assez insaisissable pour que sous ce titre se cache des textes d’une grande densité poétique. Adepte des contraintes d’écritures, il développe depuis les années 90 une œuvre poétique à la fois complexe et ludique. Dans ce livre paru aux éditions Lanskine, on peut n’y comprendre rien. Pourtant le texte est construit avec une logique propre et heureux celle ou celui qui en déduira son sens. Sa lecture sera réjouissante par un délicat jeu de cache-cache avec le poète.
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »16″ bg_color= »#008000″ txt_color= »#ffffff »] »Le plaisir de la lecture se trouve dans le décorticage de la complexité du texte. Celle-ci est comme une coque que l’on retire facilement, avec le bout du doigt. »[/mks_pullquote]Dans les diverses questions que peut se poser le lecteur, il y a l’utilisation du « nous ». Qui est ce « nous » ? Dominique Quélen n’élude pas cette question et fait apparaître une possible réponse dans le texte. C’est toute la magie de sa poésie : on semble être dans un territoire indéterminé et pourtant le sentier est bien balisé. Le poète parle ici d’objets, d’espaces, de forêts et de récits. Le plaisir de la lecture se trouve dans le décorticage de la complexité du texte. Celle-ci est comme une coque que l’on retire facilement, avec le bout du doigt.
La poésie de Dominique Quélen redonne sa logique au langage et à l’écriture. On ne peut pas placer dans le texte un objet ou un espace. L’écriture est une mise à distance avec le réel. La poésie ne fait pas illusion. Le texte conscientise cet aspect en citant La logique ou l’art de penser de Pierre Nicole et Antoine Arnauld, livre écrit en 1662. « Ainsi le signe renferme deux idées ; l’une de la chose qui représente ; l’autre de la chose représentée ; et sa nature consiste à exciter la seconde par la première » trouve-t-on quand le lecteur arrive quasiment au bout du livre. Cette citation est salvatrice et permet une lecture quasiment jouissive.
À l’heure où le roman règne, la poésie doit se démarquer et proposer un vrai rapport avec le langage. Dominique Quélen est de ces poètes qui renforcent la particularité de la poésie. Il propose une alternative à l’illusion du roman et la sécheresse de la philosophie. Lire La gestion des espaces communs doit s’appréhender comme une aventure mentale ou rien n’est acquis, tout se prend dans le creux de l’écrit, là où les illusions ne fonctionnent plus et la logique se fabrique avec le plaisir du jeu.
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La gestion des espaces communs de Dominique Quélen
Paru aux éditions Lanskine, le 8 octobre 2019
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