Dix ans après son premier album, Codification, Laetitia Shériff revient avec un nouvel album, Pandemonium, Solace and Stars, troisième opus de cette bassiste qui nous vient de Rennes. Dix ans, trois albums sous son nom, deux avec le groupe Trunks, des BO pour des films documentaires, du cinéma, du théâtre, des spectacles de danse, des collaborations à foison avec des artistes prestigieux tels le saxophoniste jazz François Jeanneau, l’iconique Lydia Lunch, Olivier Mellano le guitariste de Dominique A… j’en passe et des meilleures ! Tout ça pour dire que la belle n’a pas chômé ces dernières années !
Et aujourd’hui, Pandemonium, Solace and Stars, enregistré en quelques mois à la maison avec l’aide de Thomas Poli, qui a notamment enregistré le live Sur Nos Forces Motrices de Dominique A, rien que ça !
Et la promesse est belle, entourée de Nicolas Courret, le batteur d’Eiffel et la violoniste Carla Pallone de Mansfield. Tya, qui s’invite sur trois titres, comme le magnifique To Be Strong, qui illustre à merveille les deux pendants de cet album, la douceur folk mélancolique et l’énergie post-rock qui explose pour exprimer toute la rage de nos vies désespérées dans un monde en perdition.
Tout est dans le titre, Pandemonium, Solace and Stars… Pandemonium, n’est autre que la capitale des Enfers, Solace, littéralement la consolation, le réconfort et Stars, bien évidemment les étoiles !
Le morceau Urbanism – After Goya, nous entraîne directement au cœur de ce monde corrompu, au rythme obsédant de la basse, répétitive, comme nos vies avec une allusion au tableau de Goya, Le Chien, qui représente la tête d’un chien regardant vers le haut, perdu dans l’immensité d’un espace vide, le corps caché par une teinte sombre, dans un monologue inquiétant déclamé par Pete Simonelli, leader de Enablers, un groupe californien de post-rock. Je m’attarde un peu sur ce morceau, je dois avouer que c’est celui sur lequel j’ai le plus bloqué, d’ailleurs je suis encore en train de l’écouter à l’écriture de ces quelques lignes… bref, un morceau, deux voix, Simonelli d’un côté, représentant tout ce que cette société a d’oppressant et de l’autre Shériff qui prend le relais, la voix de l’homme, celui qui souffre et qui cherche de l’espoir. Niveau ambiance, on nage encore dans le post-rock, on pense à Sonic Youth.
Mais cet album c’est aussi des morceaux d’une douceur infinie, à l’instar de Fellow qui est plein d’espoir, There’re no pain, no shade no more, nous susurre Laetitia Shériff de sa voix magnifique, profonde, on la rangerait à côté d’un Nick Cave sans rougir, ce grain de voix m’évoque aussi Hope Sandoval de Mazzy Star. Et le single de l’album The living Dead, les morts-vivants, oui, c’est bien ce que nous sommes, vivant de façon automatisée, morceau pop rock, pêchu, un refrain qui reste en tête, sans doute le seul single de l’album car il faut avoir une oreille avertie pour rentrer dans l’univers de Laetitia, mais quand on fait le voyage, on prend le temps de vivre chaque émotion.
Je pourrais disserter encore un moment sur cet album, la musique, les images, les sens cachés… mais je vous laisse le soin de découvrir par vous-même toutes les acceptions de Pandemonium, Solace and Stars, pour ma part, je n’ai pas fini de l’écouter, encore et encore !
L’album de Laetitia Shériff est sorti le 13 octobre chez Yotanka/Impersonal Freedom/Differ-Ant/Wiseband et il est disponible par ICI !