[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#845312″]L[/mks_dropcap]a nuit, Attila, hongrois à la cinquantaine lourde et triste, trie des poussins dans une usine et, le jour, peint comme si rien d’autre n’avait existé. Et rien d’autre n’existe plus, en effet, jusqu’à ce que Théodora, jeune et riche héritière viennoise, surgisse dans son existence.
De cette rencontre fortuite naît une histoire d’amour, ou plutôt des efforts de conquête mutuelle et d’annexion des territoires intimes et historiques de l’autre.
Car ce que Julia Kerninon explore dans ce court roman, c’est la géopolitique du cœur : « nos passions ne sont pas seulement des fables mais une succession de guerres gagnées et perdues, de territoires conquis, annexés puis brûlés, de frontières sans cesse réagencées. »
Dans cet art de la guerre amoureuse, Attila résiste pour des raisons qui dépassent son existence individuelle.
Elles prennent racine dans des conquêtes de pouvoir et de territoires de son pays, la Hongrie, et se livrer sans mesure à l’amour de Théodora l’Autrichienne, revient pour lui à soumettre son peuple de nouveau : « Tu es entrée dans mon lit comme tes ancêtres dans mon pays. Tu m’as conquis, comme les tiens toujours ont plié les miens.«
Tout au long de ce roman ciselé par l’écriture précise et délicate de Julia Kerninon, Attila n’aura de cesse d’osciller entre l’envie de s’abandonner à cet amour – ce dernier amour – et la fierté de ne pas se laisser conquérir sans livrer une bataille honorable.
Le dernier amour d’Attila Kiss de Julia Kerninon, paru chez La Brune au Rouergue, janvier 2016.