Vendredi après-midi, c’est sur la pointe des pieds que je me suis glissée sur le plateau 2 du Théâtre Universitaire, pour assister à l’une des dernières répétitions du Procès de Kafka, par la compagnie Le Théâtre Du. Spectatrice privilégiée des derniers instants !
Et tout de suite… C’est la scénographie qui saute aux yeux !
J’attends un moment opportun pour me diriger vers Benjamin, étudiant à l’ENSA Nantes, qui s’en occupe. J’apprends alors que la présence de ces quatre « modules » sur scène a été rendue possible par un formidable travail d’équipe : l’association scénoT, les membres de la compagnie et certains de leurs proches ont tous participé à leur construction et leur habillage. Au programme : bois, scies, assemblage, ponçage, coups de peinture et surtout huile de coude ! Le décor change ainsi sous mes yeux à chaque scène pour donner naissance à une chambre, un bureau, une banque, une cathédrale et un tribunal ; rien que ça ! Au fond, ce sera un jeu d’ombres grâce à des panneaux blancs éclairés par des spots, mais mon rendez-vous avec eux n’est pas tombé au meilleur moment. Je les retrouve en effet sur le plateau 2 du TU Nantes et non sur le plateau 1, où se tiendront leurs représentations. Du coup, ils me demandent un gros travail d’imagination afin que je puisse concevoir au mieux à quoi cela va ressembler. Je me tourne toujours vers Benjamin qui me montre une capture vidéo de leurs premiers essais avec les ombres, et rien que ces débuts sont déjà impressionnants ! Il me présente également les images dont il s’est inspiré et il m’explique : « notre premier souhait, qu’on a réalisé, c’est de choisir un décor en noir et blanc. » Tout, absolument tout, est en noir et blanc ; de la scénographie aux costumes des personnages, et même leurs photos pour la communication !
Si les metteurs en scène sont un peu stressés par les trous et les jonglages qui persistent dans le texte de leurs comédiens, ils peuvent en tout cas compter sur la réactivité de l’équipe face à leurs remarques. Et nul doute qu’ils auront remédié à cela pour les représentations de ce soir et demain ! Tout autant que Rémi et Léo, j’ai pleine confiance en ces comédiens !
L’équipe a, pour moi, réussi à retranscrire l’atmosphère instable et onirique de l’œuvre initiale. Le décor se meut comme dans un rêve : à partir des mêmes objets, les fameux 4 « modules », l’image se déforme et se reforme comme l’image d’un rêve qui changerait mais dans laquelle tous les éléments de la scène précédente se retrouveraient. Les ombres viennent accentuer ce phénomène, tels des spectres qu’on ne parviendrait pas à identifier. Monsieur K et le spectateur se demande alors ce qui leur arrive, si tout ceci est bien réel, s’il y a bien eu crime et s’il est bien coupable…
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le public en prendra plein les yeux !