« These boots are made for walking, and that’s just what they’ll do, one of these days these boots are gonna walk all over you« .
Cette petite merveille Pop que tout le monde a au moins fredonné une fois dans sa vie fut un hit interplanétaire. Sans doute le seul d’une telle envergure conçue par le plus célèbre moustachu de la Pop musique, qui était tout autant doué pour trousser de splendides mélodies que pour saborder les quelques velléités de reconnaissances publiques qui lui étaient offertes.
Barton Lee Hazlewood vit le jour à Mannford, Oklahoma, le 09 juillet 1929. Fils d’un foreur de puits de pétrole, il déménagera souvent au gré des pérégrinations professionnelles de son paternel, entre l’Arkansas, le Kansas, la Louisiane et le Texas.
Déchargé de ses obligations militaires où il servit en Corée durant la guerre que se livrèrent le Nord et le Sud durant les années 50, il s’installe en Arizona où il officie comme DJ dans diverses boites locales. C’est durant cette période qu’il apprend le métier de producteur et se lance dans le songwriting.
Il obtient son premier succès en 1956 avec The Fool, écrit pour un artiste rockabilly répondant au nom de Sanford Clarck.
Fin des années 50 – début 60, il collabore avec Duane Eddy, alors guitariste de Twang, style proche voire indissociable du Country & Western. C’est aussi durant cette période qu’il fait la connaissance de Phil Spector. Il lui met le pied à l’étrier en lui apprenant à empiler différentes couches de sons en mono. L’élève dépassera très vite le maître et créera le fameux Wall Of Sound qui contribuera à faire sa renommée.
En 1963, Lee Hazlewood sort son premier album solo, Trouble Is A lonesome Town, collection de chansons country entrecoupées de Spoken Words, chose qu’il réitérera un an plus tard avec The N.S.V.I.P’s – The Not So Very Important People – suivant le même concept.
Le plat de résistance arrivera à la suite de Friday’s Child, sorti en 1965. La légende dit que Frank Sinatra lui demanda de lancer la carrière de sa fille Nancy qui tardait à décoller. Lee Hazlewood affirmera plus tard que l’idée du duo viendra d’elle-même. Le crooner lui offre quelques titres marquants, tels Sand, So Long Babe ou encore How Does That Grab you, Darlin’?. Mais le déclic survient avec These Boots Are Made For Walking, véritable raz-de-marée de l’année 1966. Dans la foulée, il lui écrit la magnifique Summer Wine, qu’ils chantent en duo et que l’on retrouve sur l’album Nancy & Lee paru en 1968, au même titre que Lady Bird ou Some Velvet Morning.
Après un Something Special de très moyenne facture en 68, le « Psychedelic Cowboy » sort ce que beaucoup considèrent comme étant le climax de sa discographie, Love And Other Crimes. Tout y est : des compositions au sommet, des arrangements aux petits oignons, sa voix de baryton au service de l’auditeur. Ce fut un flop commercial. Cuisant. Immérité.
Qu’à cela ne tienne. Puisqu’à l’instar d’un Serge Gainsbourg, ses disques se vendent mieux lorsqu’il fait chanter les femmes, il écrit The Cowboy And The Lady pour l’actrice Suédoise Ann Margret en 1969. Mauvaise pioche. Malgré le concept alléchant, le disque sera peu inspiré et ne sera pas vraiment salué par la critique.
Il fait alors un détour par Londres ou il enregistre Forty, sur lequel il chante des compositions de Randy Newman et des chansons rendues populaires par Frank Sinatra notamment.
Sans doute dépité par l’insuccès chronique de ses albums, Lee Hazlewood prend son envol pour la Suède où il accouchera dans un premier temps de deux disques grandioses : Cowboy In Sweden en 1970 et ses arrangements dignes de Burt Baccarach et Requiem For An Almost Lady en 1971. Il séjournera de manière permanente en Suède quatre années durant où il travaillera notamment pour la télévision Suédoise.
En 1973, il sortit un album qui reçut un accueil de sinistre mémoire par le New Musical Express. Le titre de l’album semblait poser la question suivante : Poet, Fool Or Bum ? La réponse du NME fut cinglante. Bum ! Ringard ! A la réécoute de ce disque aujourd’hui, si l’on ne peut pas vraiment considérer cet album comme une des plus belles réussites du crooner moustachu, il reste tout de même de facture très honorable.
En 1975, il compose la musique du film A House Safe For Tigers du réalisateur Suédois Torbjörn Axelman. Par la suite il sortira encore quelques albums mineurs jusqu’en 1977 et son Back On The Street Again, avant de se fondre dans la nature entre l’Espagne où il bâtit on ne sait quels châteaux, la Finlande et l’Arizona.
Ceci aurait pu être la fin de l’histoire. C’était compter sans son opiniâtreté. Il reviendra timidement en 1993 avec Gypsies And Indians, en 1999 avec Farmisht, Flatulence, Origami, Arf!!! And Me, mais surtout avec le très bon For Every Solution There’s A Problem en 2002 et son dernier album en 2006 : Cake Or Death.
Lee Hazlewood est décédé à son domicile de Las Vegas le 4 août 2007 des suites de ce que l’on appelle pudiquement une longue maladie. Il nous aura laissé une discographie plantureuse et une voix unique oscillant entre Leonard Cohen et Johnny Cash sous bourbon. Il est à noter que l’excellent label américain Light In The Attic réédite ses oeuvres avec intelligence depuis quelques années. Jetez donc une oreille sur les excellents The LHI Years ou encore There’s A Dream I’ve Been Saving. Ceci constituera une excellente porte d’entrée pour ceux dont la carrière de cet artiste hors norme reste une inconnue.