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Il y a trois ans, quand un ami m’a conseillé d’écouter la reprise par Maud Platiau-Bourret de Sistine Chapel Ceiling d’Adorable, j’y ai forcément prêté une oreille curieuse. Puis j’ai suivi avec la même curiosité mêlée d’admiration les chansons que Maud composait toute seule et publiait sur les réseaux. Parmi elles, la mélancolique Intend clôt superbement son premier album.
« Après une année et demie de travail à la fois difficile et passionnant, c’est avec une joie non déguisée que je vais publier mon premier album Impermanent Lane le 28 septembre chez Shoredive Records » annonçait Maud sur sa page Facebook fin août. Assurément, l’équation travail plus passion a porté ses fruits. Le contenu du disque est à l’image de sa jolie pochette aux teintes pop, un kaléidoscope de couleurs vives à dominante anglo-saxonne.
L’album s’ouvre avec Love Affair, une chanson pop parfaite et entraînante soutenue par des guitares vigoureuses. Les huit titres qui suivent tiennent les promesses de cette piste inaugurale. Les couches de guitares sonnent l’âge d’or de l’indie pop des années 90. Certains titres évoquent l’énergie de Ride (Something You Said). L’atmosphère rêveuse et enveloppante de Shadows Above rappelle l’univers cocon des Pale Saints tandis que d’autres, plus sombres (It Won’t Last) penchent davantage vers la dark wave ou la noisy pop (Never Be Real).
Si elles s’inscrivent dans des registres différents, ces mélodies ont en commun une qualité qui vaut de l’or : elles restent en tête, elles imprègnent l’esprit et s’y installent durablement. C’est le cas notamment de l’entêtante et émouvante Shadows Above, le sommet du disque.
J’ai voulu en savoir plus sur l’étonnant parcours de cette musicienne autodidacte.
Ou comment en partant de ses premières chansons partagées sur les réseaux et en l’espace de seulement quelques mois, Maud Anyways a su transformer une nouvelle aventure en un premier album de haute tenue.
Addict : Je sais que comme moi tu admires David Bowie depuis longtemps. Avec quels autres musiciens as-tu grandi ?
Maud Anyways : J’ai été bercée très jeune par la musique classique puisque ma mère me faisait écouter Mozart alors que je n’étais pas encore née. Puis, toujours sous son influence, les Beatles, un peu de variété française (de Fréhel à Dutronc). J’ai suivi les année 80 et ses tubes mainstream et à la fin de cette période, j’ai pris une gifle monumentale en découvrant Bowie : une révélation. Ensuite, un peu de rock progressif (Genesis avec Peter Gabriel) et des artistes des années 70 (Eagles, Lynyrd Skynyrd). Je me suis intéressée tardivement aux années 90. Je suis malheureusement passée à côté de cette période exceptionnelle par manque d’informations et d’influences. Je pense à Ride, Lush, Adorable, l’indie pop, le shoegaze, mais aussi des labels comme 4AD et Sarah Records (Field Mice notamment). Parmi les groupes plus récents, je citerais Low, Beach House… .
Addict : Avant de composer sous le nom de Maud Anyways, quel a été ton parcours musical ?
Maud Anyways : Dans ma préadolescence, j’ai fait du synthé et du saxo (comme Bowie), principalement en autodidacte. J’ai toujours un peu « gratouillé ». Vers 17 ans, j’ai eu une batterie que j’ai pas mal usée. Je me suis mise au piano classique vers l’âge de 30 ans à raison de 3 heures par jour jusqu’à une interruption due à des accidents de la vie. La basse est venue plus tard, par hasard : des amis avaient publié une annonce sur Facebook car il cherchaient un bassiste. J’ai réagi en plaisantant mais ils m’ont proposé sérieusement de passer une audition. J’ai donc bossé quelques chansons de leur répertoire puis ils m’ont gardée. Quand le Covid a interrompu les répétitions du groupe, j’étais horriblement frustrée. C’est comme ça que j’ai commencé à faire de la musique toute seule. Tout est parti de là, avec des encouragements soutenus sans lesquels je n’aurais jamais osé publier mes chansons.
Addict : As-tu pensé rapidement que ces chansons que tu composais toute seule et que tu publiais sur les réseaux pourraient aboutir à un album ou bien cette idée a mis du temps à germer ?
Maud Anyways : Absolument pas. Tout est parti du label Shoredive Records. Je venais de quitter le groupe dans lequel je jouais de la basse pour me consacrer pleinement à mes morceaux et peut-être une semaine après, j’ai reçu un message du label me sollicitant pour sortir quelque chose qu’il me laissait définir. On avait prévu une date de sortie et je me suis orientée logiquement vers un EP. A la date prévue, rien n’était prêt. Je galérais… . c’est là que j’ai eu l’immense privilège d’avoir l’aide de Casper Iskov et la valeur ajoutée qu’il a apporté à mes morceaux m’a tout de suite incitée à sortir un LP. Je me suis dit qu’une chance pareille n’allait peut-être se produire qu’une seule fois et qu’il fallait en profiter au maximum. Jamais je n’aurais osé imaginer sortir un album un jour. Les hasards et rencontres en ont décidé autrement.
Addict : Qui est Casper Iskov ?
Maud Anyways : Capser Iskov est un jeune multi-instrumentiste Danois. Il s’est fait remarquer en publiant sur YouTube des reprises acoustiques de groupes indie des années 90 mais pas que, reprises parfois plus réussies que les originales. Il a la moitié de mon âge et déjà une maturité musicale et une intelligence émotionnelle hors norme. Grâce à des amis communs, j’ai pu entrer en contact avec lui. Il m’a aidée en ajoutant de la batterie, des guitares additionnelles et même des backings vocals sur deux titres. Il a aussi géré le mix et le mastering de l’album. Il travaille extrêmement vite et je suis impressionnée par le résultat. J’espère que j’aurai la chance de recommencer à travailler avec lui car il n’est pas dit qu’il soit encore disponible si sa carrière décolle, ce que je lui souhaite et le plus vite possible, bien évidemment.
Addict : De quels groupes de la scène actuelle te sens tu proche ? As tu collaboré avec certains d’entre eux ?
Maud Anyways : D’une manière générale, je me sens proche des groupes aux sonorités 90’s principalement shoegaze, indiepop, mais pas seulement. J’ai eu la chance faire la basse sur le titre Everest de Hey Calamity, mais aussi la voix sur un titre avec Picnic Republic (Come What May) qui est plus pop, également sur un titre de Ask the Light (Waist) qui a une approche plus dark wave. J’aime beaucoup travailler avec des artistes aux univers différents du mien. Enfin, sur mon album, j’ai eu l’honneur d’accueillir Casper Iskov (Ethics) et Thierry Haliniak (My Raining Stars) pour des backing vocals. Ce sont des artistes dont j’apprécie tout particulièrement le travail.
Addict : Ton premier album vient de sortir. As tu de nouveaux projets ? Un 2° album ? D’autres collaborations ?
Maud Anyways : J’ai mis du temps à trouver ma voie, je ne veux pas m’arrêter en si bon chemin. Si je suis toujours inspirée, un deuxième album n’est pas exclu. Quant aux collaborations, j’aimerais en faire d’autres car ce sont des expériences très enrichissantes. J’ai adoré en faire, il faut juste que je dépasse ma timidité pour en proposer à mon tour.
Three years ago, when a friend advised me to listen to Maud Platiau-Bourret‘s cover of Adorable’s Sistine Chapel Ceiling, I inevitably gave it a curious listen. Then I followed, with the same curiosity mixed with admiration, to the songs that Maud composed on her own and posted on her social media. Among them, the melancholic Intend brings her first album to a superb close.
« After a year and a half of hard and exciting work, it is with pure joy that I will be releasing my debut album Impermanent Lane on the 28th September on Shoredive Records, » Maud announced on her Facebook page at the end of August. Clearly, the equation of hard work and passion has paid off. The content of the album reflects the pretty, pop-tinged cover, a kaleidoscope of bright, predominantly Anglo-Saxon colours.
The album opens with Love Affair, a perfect, catchy pop song underpinned by vigorous guitars. The eight tracks that follow live up to the promise of this opening track, the layers of guitars sounding like the golden age of 90s indie pop. Some tracks evoke the energy of Ride (Something You Said). The dreamy, enveloping atmosphere of Shadows Above recalls the cocooning world of Pale Saints, while other, darker tracks (It Won’t Last) lean more towards dark wave or noisy pop (Never Be Real).
They may be in different registers, but these melodies have one quality in common that’s worth its weight in gold : they stay in your head, permeate your mind and sit there for a long time. This is particularly true of the haunting and moving Shadows Above, the high point of the album.
I wanted to find out more about the amazing career path of this self-taught musician.
Or how, in the space of just a few months, Maud Anyways transformed her first songs, shared on the internet, into a debut album of the highest quality.
Addict : I know that, like me, you’ve admired David Bowie from a young age. What other musicians did you grow up with ?
Maud Anyways : I was surrounded by classical music from a very early age, as my mother used to make me listen to Mozart before I was even born. Then, still under her influence, the Beatles and a bit of French variety music (from Fréhel to Dutronc). I followed the mainstream hits of the 80s and, at the end of that period, my personal discovery of Bowie came to me like a revelation. Then came a bit of progressive rock (Genesis with Peter Gabriel) and artists from the 70s (Eagles, Lynyrd Skynyrd). My interest in the 90s came late. Unfortunately, I missed out on this exceptional period because of a lack of information and influences. I’m thinking of Ride, Lush, Adorable, indie pop, shoegaze, but also labels like 4AD and Sarah Records (Field Mice in particular). More recent bands include Low, Beach House… .
Addict : Before you started composing under the name Maud Anyways, what was your musical background?
Maud Anyways : In my early teens, I played synthesizer and saxophone (like Bowie), mainly on my own. I’ve always messed around a bit with music. When I was about 17, I got a drum kit that I played non-stop. I took up classical piano at around the age of 30, playing for 3 hours a day until I had to give it up for a while because of the various accidents of life. The bass came later, by chance: some friends had posted an ad on Facebook looking for a bass player. I replied in jest, but, quite seriously, they offered me an audition. So I worked on a few songs from their repertoire and they kept me on. When Covid interrupted the group’s rehearsals, I was terribly frustrated. That’s how I started making music on my own. It all started from there, with much encouragement without which I would never have dared publish my songs.
Addict : Did you think at an early stage that these songs you were composing all by yourself and posting online could end up on an album, or did it take a while for the idea to take root?
Maud Anyways : Absolutely not. It all started with Shoredive Records. I’d just left the band in which I played bass to devote myself fully to my songs and maybe a week later I got a message from the label asking me to release something of my own choosing. We set a release date, so I naturally decided on an EP. But nothing was ready on the scheduled date. That’s when I had the immense privilege of getting help from Casper Iskov and the added value he brought to my tracks immediately encouraged me to release an LP. I told myself that a chance like that might only come once, and that I should make the most of it. I would never have dared imagine one day releasing an album. Pure chance and encounters decided otherwise.
Addict : Who Is Casper Iskov ?
Maud Anyways : Capser Iskov is a young Danish multi-instrumentalist. He made a name for himself by posting acoustic covers of indie bands from the 90s and beyond on YouTube, covers that were sometimes more successful than the originals. He’s half my age and already musically mature and emotionally intelligent beyond compare. Through mutual friends, I got in touch with him. He helped me by adding drums, additional guitars and even backing vocals on two tracks. He also managed the mix and mastering of the album. He works extremely fast and I’m very impressed by the result. I hope I’ll get the chance to work with him again, because there’s no guarantee that he’ll still be available if his career takes off, which I hope it does and as soon as possible, of course.
Addict : Which bands on the current scene do you feel close to? Have you collaborated with any of them ?
Maud Anyways : Generally speaking, I feel close to bands with a 90s sound, mainly shoegaze indie pop but not only. I was lucky enough to play bass on Hey Calamity’s Everest, but I also did vocals on a track with Picnic Republic (Come What May) which is more pop, and on a track by Ask the Light (Waist) which has a darker wave approach. I really enjoy working with artists from different worlds. Finally, on my album, I had the honour of welcoming Casper Iskov (Ethics) and Thierry Haliniak (My Raining Stars) for backing vocals. These are artists whose work I particularly appreciate.
Addict : Your first album has just been released. Do you have any new projects? A 2nd album? Any other collaborations ?
Maud Anyways : It’s taken me a long time to find my way, but I don’t want to stop there. If I’m still inspired, a second album is not out of the question. As for collaborations, I’d like to do more of them because they’re very enriching experiences. I’ve loved doing them, I just have to get over my shyness to propose some of my own.
Maud Anyways · Impermanent Lane
Shoredive Records – 28 septembre 2023