Mitski
The Land Is Inhospitable And So Are We
Dead Oceans
15 septembre 2023
A la limite d’arrêter sa carrière que ce soit sur scène ou sur disque, détachée des réseaux sociaux, réfractaire à toute intrusion dans sa vie privée allant même jusqu’à interdire la divulgation du nom de son chat dans la presse, la musicienne américaine, d’origine japonaise Mitski Miyawaki a énormément de difficulté avec la célébrité et l’industrie musicale.
C’est ainsi que Laurel Hell, paru l’année dernière et marquant un virage synthpop assez étonnant, semblait être le dernier disque que Mitski allait nous offrir.
C’est donc avec une certaine surprise et un réel plaisir que nous recevons The Land Is Inhospitable And So Are We, son septième album et sans doute le plus abouti d’une discographie entamée en 2012 avec LUSH et atteignant un premier sommet en 2016 avec Puberty 2.
Ce nouvel album, au titre bien évocateur, a été enregistré avec son fidèle producteur Patrick Hyland, à Los Angeles et Nashville, accueillant entre autres 17 choristes dont Erin Rae et Caitlin Rose. Cela donne 11 chansons magnifiques inspirées par des artistes comme Lee Hazlewood, Phil Spector ou bien encore Caetano Veloso., tout en étant bien de son époque, quelque part entre Weyes Blood et Angel Olsen.
Si Mitski retrouve ses racines pop et country-folk telles qu’appréciées sur les excellents Be The Cowboy ou Bury Me At Makeout Creek, elle leur donne ici une dimension plus large et universelle, tout en gardant ce sens de l’intime (I Don’t Like My Mind) et du détail, qui en font une des plus remarquables songwriters actuelles.
Certes, le propos n’est pas bien gai, voguant entre amours impossibles, solitude et autres joyeusetés, l’excellent morceau d’ouverture, Bug Like An Angel, nous met toute suite dans l’ambiance, la chanteuse de Nashville trouvant dans la boisson sa seule famille.
De Heaven, la bien nommée à The Frost, de The Deal à Star, c’est un conflit permanent entre forces et faiblesses, espoirs et désespoirs, superbement chanté et porté par une sublime orchestration, donnant un côté bigger than life, quasi divin (I’M Your Man) à ces pourtant si personnelles histoires. Courtes et intenses, des merveilles comme Buffalo replaced ou Love Me After You ne durent même pas trois minutes et pourtant charrient un immense flot d’émotions.
The Land Is Inhospitable And So Are We est à la fois touchant et impressionnant, un superbe exercice de composition et d’interprétation, tant Mitski, ici, semble atteindre des sommets encore jamais atteints, aussi bien par sa voix que par ses mots.