Quand je me suis proposé de chroniquer Music Complete, le nouvel album de New Order et que la Cheffe a finalement accepté, après divers agissements dont j’ai encore honte aujourd’hui (j’ai crié, hurlé, me suis roulé par terre, menacé des pires sévices mes camarades, j’en passe et des meilleurs…), je l’ai tout de suite regretté.
New Order, c’est fini depuis 25, voire 30 ans
Comment voulez-vous en effet parler objectivement d’un groupe qui vous accompagne depuis, depuis…, ah oui, tant que ça. Autant me demander si mes enfants sont les plus beaux du monde (et là, objectivement, ils le sont !). Bref, je suis dans la panade, mes amis, je ne vous dis que ça.
On pourrait se la jouer blasé, affirmer de manière péremptoire que New Order, c’est fini depuis 25, voire 30 et pourquoi pas tant qu’on y est 35 ans. De toute manière, New Order, sans Peter Hook, ce n’est pas New Order (vous connaissez un autre groupe dont le départ du bassiste fait tant causer dans les chaumières ?). J’en connais même certains qui vont encore regretter l’absence de Ian Curtis. En parlant de qui est parti et qui est revenu, on notera avec joie le retour de Gillian Gilbert, les enfants sont grands, on peut ainsi recomposer les Other Two avec Stephen Morris. Parmi les fidèles, on se réjouira de la collaboration avec Peter Saville pour la direction artistique de l’album et on s’interrogera sur les nombreux invités, qui pourraient faire fuir le vieux fan que je suis : passe encore Iggy Pop, mais alors que penser de la présence d’Elly Jackson de La Roux et Brandon Flowers des Killers ?
Si la participation des deux premiers cités ne suscitera pas de vilains commentaires de ma part, le braillard de Las Vegas finit d’achever Superheated, le dernier morceau du disque déjà pas bien gaulé au départ avec ses « it’s over » à n’en plus finir. C’est bien simple, j’ai décidé d’oublier définitivement ce titre et d’affirmer que Music Complete compte 10 titres, pas un de plus.
Pour finir avec ce chapitre des participants assez inhabituels chez nos mancuniens, on n’oubliera pas de citer la production sur 2 titres (dont l’impeccable Singularity) de Tom Rowlands des Chemical Brothers et celle de Stuart David Price aka Les Rythmes Digitales.
Une autre tactique serait d’aborder cet album en faisant fi du passé, comme si Barney (bientôt 60 balais !) et compagnie étaient des simples débutants. J’ai essayé, promis, et ça n’a pas marché, si ce n’était New Order, aurais-je osé écouter une chanson titrée Tutti Frutti et puis comment oublier que ces gars-là (et la fille) ont changé ma vie, il y a bien bien longtemps en découvrant Confusion en générique de Rockline, l’émission de Bernard Lenoir dans les Enfants Du Rock (attention passage en mode vieux con !), comment ne pas se rappeler ses pochettes énigmatiques et vierges de tous commentaires, alors que je recherchais de long en large Blue Monday et j’avoue, comment ne pas oublier avoir versé quelques larmes de bonheur lorsque j’ai déballé Substance pour la première fois. Chialer pour une compilation, voilà, c’est de ce niveau là, mon amour pour New Order, même s’il a pu quelque peu s’effriter avec Get Ready et Waiting For The Siren’s Call, deux bons disques certes mais un poil en pilotage automatique.
Music Complete est moins un album qu’un assemblage de bonnes chansons
La découverte de Restless, premier single malin, bien fichu et morceau qui ouvre l’album me rassura, on retrouvait une joie de jouer, une envie de nous embarquer à Ibiza, histoire de faire la fête encore une fois, même si on a les genoux qui grincent.
C’est d’ailleurs le premier sentiment qui vient à l’écoute de l’album, c’est cette bonne humeur communicative, la joie simple de faire les chansons qu’on veut, sans tenir compte de l’héritage du passé et la guerre des égos, les changements de Line-up y étant sûrement pour quelque chose, et Phil Cunningham et Tom Chapman font juste ce qu’il faut pour s’intégrer naturellement au groupe.
Music Complete est dans la lignée de Brotherhood et surtout Technique (The Game en est le parfait exemple), les guitares se font discrètes mais lumineuses pour faire place aux machines, mais des machines à la mode New Order, fragilement humaines symbolisées par la voix de Bernard Sumner. Chez les mancuniens, on danse beaucoup mais toujours un peu bancal et timide, on s’éclate sur Moroder mais en tenant bien fermement sa pinte.
C’est particulièrement présent sur Restless et Plastic et plus encore sur l’impayable Tutti Frutti et son pendant People On The High Line, tous les deux bénéficiant de la présence d’Elly Jackson, parfaite en partenaire de Barney.
Music Complete comprend 3 très, très grands morceaux de New Order, Singularity sur laquelle Tom Chapman se défend comme un beau diable avant que les claviers reprennent le dessus, le superbe Academic et le mélancolique Nothing But A Fool, où les guitares occupent enfin l’espace et Sumner vient nous chatouiller les cordes sensibles.
Il laissera totalement sa place sur le surprenant Stray Dogs, où Iggy Pop vient clamer plus que chanter, plus Orson Welles que jamais. On comprend là, que New Order a voulu se faire plaisir et ouvrir son univers, quitte à prendre le risque de donner le sentiment que Music Complete est moins un album qu’un assemblage de bonnes chansons.
Music Complete, après plusieurs écoutes, confirme que New Order reste un groupe à part, capable de trouver l’étincelle à tout moment. L’album, même s’il n’atteint pas les sommets du groupe, est un retour en forme bien plus qu’honorable avec quelques unes des meilleures chansons qu’on entendra cette année et qui n’ont pas à souffrir de la comparaison avec leurs glorieuses devancières.
L’album est disponible dès aujourd’hui chez Mute/PIAS Cooperative.
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Bon… Pas mal ta chronique. du coup, je vais l’écouter!