[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1868a5″]S[/mks_dropcap]’il faut rembobiner le film, il sera impossible de ne pas citer Bertrand Burgalat et A.S Dragon, groupe dont la vocation première fut de mettre en musique la prose d’un certain Michel Houellebecq. Au sein de ce collectif, un musicien natif de Malmö fit ses professionnelles gammes avant de prendre son envol, seul (mais toujours bien accompagné).
En 2006 le public découvre Going To Where The Tea-Trees Are, album aux allures quelque peu taciturnes. Il en ressortira un titre majeur, le très distingué The Story Of The Impossible habité par quelques Chimères et autres monstres ferroviaires.
Durant un peu plus d’une décennie, trois albums seront réalisés venant s’ajouter à quatre illustrations cinématographiques. Onze ans après, c’est un nouveau disque qui apparaît à la lueur d’une forme de magie proche du mimétisme initiatique. Principe selon lequel les personnes ou choses en contact peuvent s’influencer mutuellement.
Le désir de façonner cette chronique aura germé à l’issue de la magistrale prestation de Peter Von Poehl, l’une des plus vibrantes rencontre du dernier festival Art Rock (live report à lire ou relire ici-même). Au terme du concert chorégraphié avec autant d’adresse que d’ensorcellement positif, restaient imprégnées dans ma mémoire des images intensément surnaturelles et des sons qui s’y mariaient dans une osmose captivante.
La divine musique de Sympathetic Magic.
Des effets stéréos de Grubbed Up (part 1) surgissent de timides vibrations cosmiques avant que le timbre aiguisé et haut du suédois ne transperce l’espace. Toujours cette empreinte mêlée d’aigus pincés et de voltiges chantées. L’arraché introductif sera célébré dans la pénombre. L’alchimie combinant finement pop, électro et musique baroque peut alors prendre ses aises avec emphase.
C’est le cas d’Inertia, une pop-song rafraîchissante dont les rondeurs sont impulsées par la basse de Fred Jimenez (également ex membre d’A.S Dragon). La partition est imbibée d’aérations multiples : des cordes envoûtantes et hautbois céleste qui viennent tenir leur rang avec maestria, aux arrangements délicats qui gouvernent l’ensemble de l’œuvre, lui conférant une dimension romantique moderne. On imagine le compatriote Jay-Jay Johanson se permettant d’inviter à sa table (de mixage) le dandy contemporain Neil Hannon. Une seconde piste à l’écriture millimétrée dont les audaces exercent ce pouvoir d’attraction, tel un jet puissant de brumisateur en pleine canicule.
Enchaînement clinquant sur les synthétiseurs vintage dénichés dans une cave familiale et qui seront le fil conducteur de cette évolution dans les tonalités du disque. De cette émancipation plus mesurée, se glisse un dosage malin qui équilibre la juste teneur entre ravissement onirique et dynamisme aux sensations parfois épiques.
Peter Von Poehl aura été bien aidé en cela par le mixage esthétique mais moderne de l’expérimenté Peter Katis (rencontré notamment pour son travail avec le groupe The National). La voix de fausset est toujours bien présente, trace indélébile qui anime aussi bien les ballades digitales au chant aérien que les expérimentations instrumentales plus osées.
Sympathetic Magic est fait ainsi. De ritournelles élégantes en fééries au positivisme contagieux. J’en veux pour exemple cet Elysium qui achève le beau labeur. Un va-et-vient pianistique clair et obsédant qui ouvre des préliminaires gracieux dans l’optique d’un refrain murmuré à l’unisson. Cette douceur magnétique dont la majesté irradie l’auditorium pour le plus onctueux des plaisirs de sens.