Vous cherchez un livre difficile à lire et à s’approprier ? Reproduction est écrit pour vous.
Divisé en trois chapitres et quelques 200 pages, on ressort de la lecture exsangue.
Il faut s’accrocher sans cesse, accepter d’être un peu perdu parfois, adhérer au style de Bernardo Carvalho et à son parti pris : aucun dialogue ou plutôt des dialogues mais où un seul des personnages possède la parole. Il reprend alors parfois ce que les autres personnages peuvent lui dire ou répond à une question que nous ne lisons pas et que nous sommes obligés d’imaginer au travers de la réponse. Evidemment ça n’est pas de tout repos. On n’avance dans Reproduction qu’en étant concentré et vraiment impliqué dans le roman.
Au final, c’est loin d’être déplaisant et cela change des livres jetables qui nous sont parfois proposés.
Reproduction, dans son monologue feint, ramène à La chute d’Albert Camus, autre monologue et livre épuisant. De chute, il est question dans Reproduction, comme un indice laissé par l’auteur, une référence.
L’intrigue ? Alambiquée forcément et férocement !
Un brésilien, étudiant en chinois, veut prendre un avion pour Tokyo. Dans la queue il croise son ex professeur de chinois qui a abandonné subitement ses élèves quelques mois auparavant. Elle est accompagnée d’une petite fille. Il a à peine le temps de l’aborder qu’une homme inconnu l’emmène avec lui. L’étudiant, de son côté, est arrêté. On ne sait pas pourquoi de prime abord. Un « interrogatoire » commence avec ses réponses.
On apprendra que celui qui mène l’interrogatoire est lui-même en proie à quelques difficultés.
Pour le reste, il faut se plonger dans ce Reproduction, garder sa mémoire alerte et avoir à portée de main un stylo pour ne pas se perdre.
Reproduction, de Bernardo Carvalho, paru aux Editions Metailié, Mars 2015.