[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#EF405F »]L[/mks_dropcap]a saison 2016-2017 aura été un grand cru en matière d’expositions d’envergure. Après celle consacrée à l’impressionnante collection Chtchoukine à la Fondation Vuitton ou encore « Au-delà des étoiles – Le paysage mystique » présentant une centaine de pièces modernes au Musée d’Orsay, le Grand Palais compte bien reprendre la tête du classement des fréquentations comme c’est le cas depuis une quinzaine d’années. On peut regretter que l’art contemporain comme d’autres courants artistiques soient un peu moins bien lotis cette année. Mais les Impressionnistes et les Modernes sont un gage de succès, contribuant toujours et encore au rayonnement culturel de Paris dans le monde. Après les attentats qui frappèrent la capitale, de telles manifestations capables d’attirer plusieurs centaines de milliers de visiteurs constituent ainsi une opportunité sur laquelle on ne saurait rechigner.
C’est d »autant plus vrai lorsque l’artiste présenté compte parmi les plus importants et les plus influents de sa discipline. Comment contester à Rodin son leadership dans le domaine de la sculpture ? Naturaliste, impressionniste, expressionniste, symboliste, moderne, maître, génie… La multiplicité des termes par lesquels Auguste Rodin a été désigné depuis son irruption sur la scène publique en 1877 peut surprendre ou décourager. Sculpteur mondialement célèbre de son vivant, présent dans les collections de tous les grands musées et sur tous les continents, il a suscité tant d’expositions, de collections, de critiques, de livres, de biographies, de catalogues, de colloques, de thèses que, pourrait-on croire, tout a été dit sur son apport.
Ce foisonnement est à l’image de l’artiste et symptomatique du caractère protéiforme de son œuvre. Rodin a revisité toutes les facettes de l’art de la sculpture, inventant l’assemblage, la figure partielle ou le collage qui annonçait bientôt des artistes comme Henri Matisse et Pablo Picasso, sa pratique du dessin devançant l’expressionnisme allemand, son rapport à la photographie… L’exposition que lui consacre le Grand Palais tend à démontrer combien son travail fut décrié avant d’être mieux compris et réhabilité, et en quoi le choc qu’il provoquait, secoua positivement toute la création plastique, de l’Europe au continent nord américain.
S’il est un microscopique reproche que l’on puisse faire à cette exposition, c’est de ne pas avoir précisé sur l’affiche qu’elle propose 331 œuvres, certes, mais que seules 169 sont des créations de Rodin. Un nombre impressionnant de pièces émanent d’autres plasticiens, d’une beauté à donner le vertige. On ne peut que recommander au visiteur francilien de leur consacrer l’essentiel de son attention puisqu’il aura tout le loisir d’admirer les créations du maître au Musée Rodin de Paris, à celui de Meudon, au Louvre ou encore au Musée d’Orsay.
Scénographie : Le parcours de l’exposition est conçu comme reflet de la trajectoire de l’artiste. Son œuvre, sa capacité d’invention, son influence et sa postérité apparaissent comme autant de facettes, qui constituent l’épine dorsale de la scénographie de l’exposition et nourrissent chacun des espaces. C’est Rodin en majesté qui accueille le visiteur dans l’espace d’introduction, vaste volume épuré, éclairé par la lumière naturelle, où sont présentées des œuvres emblématiques qui ont jalonné sa carrière.
La visite est fluide ; elle incite à observer les grandes sculptures sous différents angles, à tourner autour. Le parcours présente un style unifié, mais chaque section exprime une identité propre. Des correspondances mimétiques sont établies entre thématiques des sections/œuvres et espaces (grands espaces fluides ou espaces intimes). L’aménagement scénographique est marqué par un mobilier sobre aux lignes épurées, favorisant le regard sur la sculpture. Les dominantes chromatiques du parcours sont de couleurs claires, gris clairs et bruns taupés légers traités en camaïeux et ponctuellement un rouge vif, en référence à l’exposition de Prague. Les baies sont ouvertes pour bénéficier de la lumière naturelle et l’éclairage est homogène. A cette atmosphère d’ambiance, sont ajoutés des projecteurs ponctuels sur les sculptures. Certaines sections nécessitent une réduction d’intensité, seules ruptures dans l’éclairage d’ensemble de l’exposition.
Rodin, l’exposition du centenaire
Du 22 avril au 31 juillet 2017, au Grand Palais