[dropcap]O[/dropcap]u comment partir d’un principe à la Miss Marple au pays des hipsters de New-York.
Dory est une vingtenaire new-yorkaise, incapable de s’affirmer vraiment, dont l’occupation principale est de passer ses caprices à une femme riche, en résumé, elle est femme à tout faire.
Elle vit avec Drew, grand machin mou effrayé par toute forme de confrontation, et infoutu d’exprimer une opinion propre, surtout quand elle se doit de trancher un problème.
Leur vie de bobos chiffons est agrémentée par la présence de meilleurs amis gratinés, frétillants dans le haut du panier de l’arrogance et de la bêtise bien habillée. L’un est un philanthrope gay mythomane et narcissique, l’autre est une comédienne boucle d’or cruche à souhait.
Dory vit une petite crise existentielle. Elle cherche un travail un peu plus gratifiant sans en trouver, mais reste pétrifiée et incapable de se défendre sous le feu cruel d’un entretien d’embauche.
Au hasard d’une déambulation, elle aperçoit une affiche de personne disparue, et reconnaît Chantal, camarade de lycée. Instantanément touchée, Dory veut se lancer à sa recherche.
Mais elle est maladroite, pas toujours bien intentionnée, même totalement larguée. Dory va s’acharner sans vraiment savoir pourquoi, et faire basculer doucement sa petite vie et celle de ses amis.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#aab3bd »]L[/mks_dropcap]es 10 épisodes de Search Party glissent plutôt logiquement, et engagent une galerie de portraits plus décalés les uns que les autres. Décalés, dans le sens anti-héroïque du terme. Personne ne sauve la photographie. De Dory à la sœur de la victime, tous les personnages sont pétris d’égoïsme, et seraient faciles à détester s’ils n’étaient pas aussi représentatifs d’une certaine réalité, de la puissance de la bien-pensance et de sa capacité de nuisance au creux de l’hypocrite «good behaviour».
Appréciables pourtant aussi parce-qu’ils se débattent, comme tout le monde, dans la comédie cruelle de la vie. Celle des injustices, des décisions que l’on prend à contrecœur, des moments qui échappent à notre contrôle, et même la surprise de découvrir que l’on peut en contrôler certains.
L’humour distillé par les scénaristes est sans arrogance ni trompettes. Aux commandes, Sarah-Violet Bliss et Charles Rogers déjà en collaboration pour le film «Fort Tilden», et Michael Showalter (du plus truculent «Wet Hot American Summer») ont réussi le pari de la comédie policière spéciale « millennials ».
Le ton est léger et le filmage plutôt simple. On y évoque le New-York façon «indépendant», mais, pour une fois, loin de son propre fantasme, puisqu’il reste efficace et sans véritable chichis.
Pas de Carrie Bradshaw à l’horizon.
Pas de stars à l’affiche non plus, à l’exception de deux ou trois rôles secondaires, mais une distribution qui fonctionne très bien. Des visages réels, attachants, comme celui d’Alia Shawkat (Dory), recouvert de taches de rousseur.
Au programme, donc, des situations cocasses, un mystère dont on remonte petit à petit le fil, un brin de dialogues improbables, et une tranche de réalisme mais si digérée qu’elle n’a rien de moralisateur.
Search Party a eu la chance de convaincre, et a été signée pour une deuxième saison, déjà prévue pour cette année.
Diffusée depuis novembre 2016 sur TBS (et disponible en VOD), et sur OCS City.